Se rappeler de cette date de 12 janvier 2010 transperce toujours le cœur et réveille interminablement les vieux souvenirs de personnes recouvertes de gravats et de sangs, d’handicapés et de morts, de nomades et de sans abri…
Même si on parvient à trouver la façon la plus lénitive pour atténuer la douleur de ce rappel, elle se conjugue plutôt à tous les modes. Nous nous rappelons encore et encore de ces innombrables victimes, sinistrés et endeuillés qui, dans moins de 30 secondes, ont tout perdu.
Les survivants de ces neuf (9) ans se font bruler les ailes en quête d’une vie meilleure qui se perd au plus profond de l’océan. Les conditions de vie dans lesquelles nous pataugeons sont uniques et iniques, et s’exposent scandaleusement aux yeux du monde. Tout se converge vers la maladie grandissante et hasardeuse de ce pays. Nos douleurs sont tellement immenses, que certains grands et petits pays se portent à faire croire qu’ils ont à eux seuls, la solution de nos problèmes, l’équation idéale du développement. L’oncle Sam est le premier pour ne pas dire le seul décideur et se veut être l’unique guérisseur. Mais détient-il réellement l’antidote?_
Nos dirigeants qui, sans questionner ni analyser, ont les oreilles d’âne, se marient avec la nihilité et embrassent avec conscience tous les projets carcans et pleins d’hypocrisie. Ils restent comme un menu fretin, constatant silencieusement comment on prend soin de ses plaies qu’avec de l’alcool.
Ce flux d’assemblage de dons par les autorités internationales pour la réalisation fictive des projets et la reconstruction imaginaire du pays, s’est passé de la main droite à la main gauche.
Cet acte impoli de la Communauté Internationale à travers, en majorité, les instances étasuniennes, est un crime sans arme contre le droit humanitaire.
Nous voici logés sur ce lit à l’hôpital de la pauvreté, de l’appauvrissement et du sous-développement où tant de médecins nous prescrivent indéfiniment des médicaments plutôt mortels en série.
Si les États qui octroient de l’argent se veulent être les principaux bénéficiaires de leurs propres dons, comment serait-ce possible d’atterrir, au moins, à exécuter un mini projet pour nous donner le soin de savoir au moins ce que sont les prémices du développement ? C’est le cas des États-Unis d’Amérique, qui juste après le séisme, a consenti une aide de 379 millions de dollars et a envoyé 5.000 soldats sur le territoire haïtien, alors que 33 centimes de chacun de ces dollars avaient été rendus au Gouvernement étatsunien pour compenser le coût de l’envoi de ces soldats.
Toujours de ces 379 millions, pour chaque dollar 42 centimes ont été envoyés à des ONG publiques et privées (Save the Children, PNUD, Organisation Panaméricaine de la Santé).
D’autre part, la somme d’1,6 milliard de dollars accordée par les USA au secours d’urgence a été dépensée de la manière suivante : le département de la Défense – 655 millions ; le département de la Santé et des Services à nos frères et sœurs réfugiés – 220 millions ; USAID, pour l’aide d’urgence fournie – 350 millions ; et le reste réparti entre le département de l’Agriculture pour participer à l’aide alimentaire d’urgence, le département de la Sécurité intérieure pour couvrir les frais d’immigration…
Le Center for Economic and Policy Research, a fait une analyse sur les contrats attribués par le Gouvernement américain entre la fin du mois de janvier 2010 et avril 2011. Il a pu trouver que seulement 23 d’entre eux avaient été attribués à des entreprises haïtiennes.
On peut ainsi comprendre que l’aide internationale, c’est de la pure escroquerie.
Selon une révélation faite par un envoyé spécial des Nations-Unies, disant que l’argent du fonds humanitaire, soit 2,4 milliards de dollars, avait été distribué ainsi : 34% aux organismes civils et militaires des donateurs pour l’intervention d’urgence, 28% aux agences spécialisées des Nations-Unies et à certaines ONG, 26% à des sociétés privées et à d’autres ONG, 5% à la Croix Rouge, 1% et 0,4% respectivement au Gouvernement haïtien et à des ONG haïtiennes.
On ne passera pas sous silence que les anciens Présidents George W. Bush et Bill Clinton, soit 4 jours après le séisme, ont lancé une collecte de fonds et qu’en octobre 2011, les dons avaient déjà atteint la somme de 54 millions de dollars. À rappeler que 2 millions ont contribué à la construction d’un hôtel de luxe en Haïti, pour un budget de 29 millions de dollars.
Haïti est-elle si grande pour que ces milliards n’arrivent même pas à ébranler ses pas de reconstruction ?
L’espoir fait vivre ! Allons-nous rester dans notre mutisme et amateurisme, regardant les médecins du département les mieux qualifiés et les plus spécialisés nous filtrer périodiquement des cachets, dans le souci qu’un jour nous nous retrouverions en dehors de ce vieux hôpital ? Pourquoi ne pas reprendre nos activités économiques, culturelles, politiques et sociales que nous avions perdues depuis soit environ deux siècles.
Les États-Unis, la France, L’Union Européenne, les États membres de l’ONU, en mars 2010, se sont engagés à verser 5,3 milliards de dollars sur deux ans et un total de 9,9 milliards sur trois ans. Où sont passés ses fonds durant ces 9 ans ?
S’ils tiennent toujours à se moquer du quart comme du tiers monde; si à travers nos trois derniers choix politiques nous nous appauvrissons de plus en plus; C’est que nous sommes encore en convalescence et ceux qui prétendent nous guérir ne détiennent guère ni la solution, ni le vrai antidote !
En guise de traitement, un autre drame nous a atteint, le choléra, soit neuf mois après le séisme, à la mi-octobre.
En dépit de tout, Il incombe à vous et moi de nous unir une seconde fois depuis 1803, pour gommer nos erreurs du passé. De ne pas oublier ceux et celles qui veulent pour nous que du bien et de mieux nous fixer à travers nos choix qui pourraient apporter plus d’entraves aux intérêts généraux qu’à ceux de particulier. Car, ce sont nos choix d’aujourd’hui qui témoigneront de notre cause de demain.
Ainsi, tirons donc des leçons de nos erreurs afin de trouver le vrai antidote !
Wilson Pierre