Il n’est un secret pour personne, un éventuel changement constitutionnel n’a jamais figuré dans l’agenda des parlementaires haïtiens. Ceci peut s’expliquer par le fait que, tout changement constitutionnel viendra impérativement enlever des pouvoirs entre les mains des parlementaires. Les tractations pour choisir le premier ministre et les membres du gouvernement, le contrôle des institutions publiques, les marchandages politiques sont entre autres intérêts que les parlementaires ne souhaitent pas perdre. C’est là le débat sur la mauvaise presse des anciens parlementaires contre la réforme constitutionnelle.
Alors que la population haïtienne, partisan de la réforme constitutionnelle et du référendum, se prépare à donner son verdict populaire sur la possibilité de changer la Constitution, l’on assiste depuis la fin de la semaine écoulée une levée de bouclier contre le projet du référendum. Il faut se le rappeler cependant que, les législatures précédentes n’ont jamais voulu initier une quelconque changement dans la constitution. L’amendement faussé par le Parlement publié par Michel Martelly, les tentatives de Jerry Tardieu qui n’ont pas eu la bénédiction de la chambre des députés nous prouvent que le peuple haïtien ne peut compter sur le parlement pour changer la constitution. De ce fait, l’idée du référendum constitutionnel initiée par Jovenel Moïse est une justice faite au peuple haïtien qui souhaite un changement constitutionnel.
Jean Jacques Rousseau dans ses réflexions fait du peuple le détenteur du pouvoir et, l’exercice de ce pouvoir se fait par ses représentants premièrement mais aussi et surtout par le peuple lui même par voie référendaire. Le référendum initié par Jovenel Moïse n’est pas nouveau ni dans le giron politique haïtien ni dans les théories de la démocratie représentative.
Le projet de la nouvelle constitution prôné par Jovenel Moïse porte en son sein des points qui font la satisfaction du peuple haïtien et de la diaspora. Si l’idée de réduire le nombre de députés ne trouvent pas l’aval de la population, l’idée de supprimer le Sénat est applaudi par les citoyens et fait écho à ce qu’ils ont souhaité bien avant le projet constitutionnel du président Jovenel Moïse. L’idée d’enlever le poste de premier ministre ou d’enlever le pouvoir de le choisir entre les mains du parlement semble aussi faire unanimité. De même, l’intégration de la diaspora dans les affaires politiques et économiques du pays est l’un des points forts de cette nouvelle Constitution proposée par le Président Jovenel Moïse.
Cependant, la commission consultative indépendante doit jouer la carte de la prudence sur plusieurs points. En ce qui concerne le redécoupage des circonscriptions électorales, la commission doit faire justice aux habitants de chaque commune d’Haïti qui ont le droit de choisir ses représentants. Un député par commune car chaque commune représente une circonscription électorale. S’il faut supprimer le parlement, il faudrait prévoir une chambre des représentants ou toutes les communes seraient représentées dans le parlement. La place de la diaspora étant acquise dans ce parlement, il faut séparer la question de la nationalité de la citoyenneté afin de permettre aux haïtiens de la diaspora de jouir de leurs droits civils et politiques.
Il faut laisser au peuple haïtien le droit de décider si oui ou non il veut une nouvelle Constitution, ce n’est pas l’affaire des parlementaires ni de la classe politique, ni de l’opposition, ni de la classe économique. Le peuple est souverain et la légitimité lui revient de droit. Si le peuple veut un changement constitutionnel, il pourra se prononcer au référendum.
Evens Archille