Une seule affaire depuis quelques jours domine l’actualité internationale : l’attaque des États-Unis sur l’Iran. Plusieurs grandes autorités internationales réagissent et les spécialistes sont légions à émettre leurs opinions sur cet événement. Je ne suis probablement pas le premier à utiliser cet angle sur la question, à savoir, la possibilité que cette attaque aurait des rapports avec les prochaines élections aux États-Unis.
Pour en partant mettre un bémol, pour ceux-là qui pourraient estimer que cela n’a aucun lien, jusqu’à ce qu’ils comprennent, je leur comprends.
Allons droit au but. Permettez que je dise que la politique détient ses règles, auxquelles recours ceux et celles qui la pratiquent. Pour gagner une bataille électorale, les stratégies sont multiples autant qu’on développe de nouvelles pour mieux garantir la victoire.
Il n’y a pas longtemps, les Démocrates en votant la Mise en accusation de Donald Trump ont fait politiquement un grand coup. Le deuxième a été la stratégie de Nancy Pelosi, l’une des femmes politiques américaines les plus expérimentées, qui a délibérément choisi de garder le dossier. En choisissant de ne pas l’acheminer, au Sénat, la stratégie consiste à jouer sur le poids qu’éventuellement le dossier pourrait avoir une fois qu’il refait surface et encore plus si cela se fait à un moment crucial des élections. Pelosi – par expérience et sagacité politique- sait pertinemment que le Sénat ne votera pas la destitution. Et c’est pour cette raison même qu’elle garde le dossier. Dieu seul sait – les américains qui sont fous des données – combien de résultats d’enquêtes sont déjà disponibles pour expliquer le poids qu’aurait éventuellement ce dossier la veille des élections.
Si de leur côté, les démocrates raffinent leur stratégie – on ne croit tout de même pas que les Républicains resteraient les bras croisés. D’ailleurs, pour plusieurs raisons que nous n’évoquerons pas ici, les Républicains par la force des choses étaient obligés dans l’histoire politique américaine d’être à la base des meilleures stratégies électorales. Ainsi, croire que l’attaque américaine en Iran pourrait faire partie d’une stratégie républicaine dans le cadre de la présidentielle de 2020 est tout à fait logique. Comment peut-on expliquer cela ?
En règle générale, le peuple américain soutient toujours ses dirigeants lorsque le pays est en guerre. Mise à part quelques exceptions, comme un seul homme, le peuple dans sa majorité est toujours debout derrière le Chef de la Nation. Et très souvent, les leaders qui critiquent le gouvernement durant ces périodes sont en général très critiqués. Du point de vue communicationnel, la priorité est accordée à la guerre plutôt que toute autre chose. Autre point : si la guerre est gagnée, l’avantage est encore plus garanti parce qu’elle est de façon générale vue comme une victoire pour les États-Unis. Le président devient un héros.
Le fait d’engager une guerre – ou tout au moins une bataille – pendant qu’on entame une année électorale, il est clair que cela n’est pas sans lien avec les élections. En plus, qui croirait que les Républicains resteraient les bras croisés sans rien faire, attendant que les démocrates viennent si aisément les détrôner de la Maison Blanche? Cette stratégie de recourir à la guerre pendant une période électorale n’est pas nouvelle dans le camp des Républicains. On s’y habitue même.
En tout cas, s’il s’avérait que je m’étais trompé sur ce point, cela m’aurait bien étonné quand des figures comme Karl Rove et Dick Cheney sont encore vivants.
Roudy Stanley Penn