Le Président de la République, Jovenel Moïse et le Premier ministre par intérim, Claude Joseph, ne nous apprennent rien dans leur dernière déclaration concernant le phénomène de kidnapping enregistré ces derniers temps dans le pays. Ces responsables de l’État ne font que finalement dire tout haut ce que tout le monde pense, depuis belle lurette, tout bas.
C’est un secret de polichinelle, ces montées spectaculaires à récurrentes des cas de kidnapping en Haïti, a une dimension hautement politique, à côté de son visage criminel. Sa vitesse va au rythme de l’obsession du pouvoir et le refus total du dialogue des leaders de l’opposition politique radicale, dit l’autre. Il suffit de suivre les grands rendez-vous constitutionnels de l’État avec la Nation pour vous en faire une idée claire et nette. Pour découvrir complètement ce plan macabre.
Du refus de l’arme de la dialectique à l’adoption de la dialectique des armes
À quelques mois des réalisations des élections et du référendum constitutionnel prévu par le Pouvoir en place, l’opposition radicale reste plus que jamais intransigeante. Pas de question de dialogue. Pas de question de compromis. L’installation d’un pouvoir de transition à tout prix. Ce qui est paradoxal, la machine de l’insécurité, particulièrement le kidnapping, prend, dans l’intervalle, l’allure d’un TGV. Du plus riche au plus pauvre, personne n’est épargné sur sa route. Le pire, des leaders religieux sont devenus des cibles des kidnappeurs. Les cas le plus récent et frustrant, ce sont les 11 religieux catholiques enlevés à la Croix-des-Bouquets, dont 2 Français. Comme si l’église est entrain de payer une lourde tribu pour sa neutralité. Sinon pour l’inciter à transformer le temple de Dieu en un haut lieu politique.
En 2004, suite au départ de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide du pouvoir, on assistait à un pléiade de cas d’enlèvements. Le plus marquant est celui de l’ancien chroniqueur sportif de radio Ibo, Jacques Roche. Enlevé, son corps sans vie et mutilé a été retrouvé , quelques jours après, sur un tas d’immondices au bas de Delmas . À cette époque-là, les partisans de Mr Aristide exigeaient son retour au pouvoir. Ce qui donna lieu à la réélection de l’ancien président feu René Préval à la présidence, 2 ans plus tard. En 2021, les leaders radicaux de l’opposition rejettent totalement l’idée de participer aux élections. Les actes de kidnapping ne font que multiplier. L’insécurité devient le défi numéro 1 des dirigeants de l’État. Comme si la politique radicale était une politique cannibale.
Jean Samson Rock