La politique est comme devenue le repaire des corrompus et corrupteurs en Haïti, ces derniers temps. Il suffit de s’opposer au pouvoir en place pour défier la justice et jouir du fruit de la corruption (le butin) en toute impunité. En toute liberté. Sans se soucier des 6.3 millions d’Haïtiens qui croupissent dans la misère, dont 2.5 millions vivant en dessous du seuil de pauvreté avec 1.23 dollars par jour, selon l’économiste Kesner Pharel (Nouvelliste en 2018, alors que la situation socio-economique du pays ne s’ameliore pas jusqu’à présent vue cette radicalisation de la politique, peyi lòk, insécurité politico-criminelle…) En d’autres termes, qui ne peuvent même pas se procurer régulièrement un plat chaud par jour. Voire s’offrir les besoins essentiels comme le pain de l’instruction, les soins de santé, etc.
Quel crime abominable !
Me Hans Jacques Ludwig Joseph, Directeur Général de l’Unité de Lutte contre la Corruption (ULCC), a pris ses courages à deux mains, suite à une enquête de terrain, pour prouver que la compagnie dénommée Real Business Investissement (RBI), dont l’homme d’affaires Pierre Réginald Boulos est le PDG, avait détourné 260 millions de gourdes de l’Office nationale d’Assurance (ONA) pour la construction de logement sociaux. En conséquence, il ordonne aux banques de geler 260 millions de Gourdes des actionnaires de cette compagnie parmi lesquels Pierre Réginald Boulos et des membres de sa famille.
Il y a environ un an, soit le 28 août 2020, ce même Réginald Boulos a été convoqué par l’ULCC pour fournir des explications concernant un prêt record de 700 000 000 de gourdes qu’il a contracté de l’ONA « dans la plus parfaite irrégularité » pour répéter le financier Guy Laudé dans une interview accordée à un journal en ligne réputé proche de l’opposition.
En guise de se laver, à chaque fois, l’homme d’affaires enfile son tout nouveau costume de politicien pour crier à la persécution politique. Selon ses dires, il s’agit d’une instrumentalisation de l’ULCC pour faire cesser les actions contre le référendum du Président Jovenel Moïse.
l’ancien sénateur Youri Latortue est accusé d’avoir usé de son influence pour s’octroyer de manière irrégulière un prêt de plus de 70 millions de gourdes à l’ONA au nom de sa mère âgée de plus de 83 ans, dans le cadre du programme de prêt ONAMART/ONAPHARMA. En réaction, l’ex-collaborateur du Président Jovenel Moïse, qui s’est converti en opposant farouche au Pouvoir, a poussé ce même cri de persécution politique et fait régner une situation de panique généralisée lors de son audition à l’ULCC dans le cadre de ce dossier. Bilan : deux véhicules de l’institution ont été incendiés.
L’homme d’affaires Dimitri Vorbe poursuivi par la justice pour avoir soutiré plus de 300 millions de dollars américains pour la vente de black-out en guise d’énergie électrique, selon les avocats de l’Etat haïtien. Puis, il a illico pris la poudre d’escampette et crié lui aussi à la persécution politique. Le pire, des hommes de l’opposition politique radicale dont l’ancien sénateur Antonio Cheramy dit Don Kato, Me André Michel et consorts, juste pour la satisfaction de leur intérêt personnel, ont fait écho à son cri mensonger.
Sans citer une kyrielle de cas de corruption dont ceux de Pierre Espérance du RNDDH, de l’ancien sénateur Nenel Cassy, de Me André Michel, de l’ancien D.G. Patrick Noramé dans la dilapidation des fonds de la BMPAD dénoncés également par Marie-Yolène Gilles de la Fondasyon Je Klere. Quand viendra le jour où ces stratagèmes politiciennes ne pourront plus faire obstruction à la justice dans la lutte contre la corruption sous le fallacieux prétexte de persécution politique ?
Frantz Jean-Louis