Personne n’est sans savoir que, de nos jours, Haïti traverse une crise à plusieurs dimensions : crise politique, crise alimentaire, et même crise du dollar.
Qui est ou encore qui sont les responsables ?
Certainement vous et moi, nous sommes en train de rechercher les vrais responsables, mais ne soyez pas stupéfaits si quelqu’un dit, que nous les Haïtiens, nous sommes tous responsables. Bref. C’est une façon de dire que les problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui sont les résultats de nos choix antérieurs y compris celui qu’on a fait récemment.
Nos autorités se contentent de faire des déclarations, de prendre des mesures bidon, et ne posent jamais les véritables problèmes qui rongent la société, notamment les problèmes économiques.
Nous nous sommes trouvés dans un marasme politique, dans une instabilité politique caractérisée par l’amateurisme de certains de nos acteurs politiques, ce qui explique en moyenne qu’on a une situation de tension chaque trois (3) mois dans le Pays. De 6-7 juillet 2018 jusqu’au 11 juin 2019, Haïti est reculée de 40 ans, surtout sur le plan touristique, après le soulèvement du peuple au mois de février 2019, le pays est classé en catégorie 3, en d’autres termes, c’est un pays à risque, les touristes ne sont pas appelés à le visiter pays. Donc, aux environs de onze (11) mois, le dollar américain est passé de 66 gourdes à 92 gourdes. Quelle dépréciation ! À qui profite ce crime ? disait l’autre.
Un jour, Dr Lionel DESGRANGES, diplômé de l’Université Harvard, m’avait dit : «Lorsqu’il y a deux monnaies en circulation, la bonne chasse la mauvaise ». L’exemple est flagrant concernant le dollar par rapport à la gourde. C’est une situation extrêmement critique. Aujourd’hui, il nous faut 92 gourdes pour US $ 1.
En analysant cette dépréciation, on a pu constater qu’elle dépend de plusieurs facteurs:
D’abord, elle est due aux comportements des acteurs politiques. Ces derniers qui sont incapables d’établir un projet ou une politique économique pouvant réduire la situation de misère, de promiscuité que confronte le pays. Les deniers ne sont pas gérés ni de manière efficace encore moins de manière efficiente.
Ensuite, nous avons une instabilité politique permanente dans le pays qui constitue un mauvais signal pour les investisseurs. Comme on l’a évoqué dans les lignes précédentes, d’une part, aujourd’hui, en moyenne on a des manifestations, de pillages chaque trois (3) mois, d’autre part, il n’y a pas la stabilité au niveau même du pouvoir où même le Président de la République n’a pas la certitude qu’il terminera son mandat, ce qui n’est pas profitable à l’économie.
Enfin, nous avons les acteurs économiques, l’économiste Jean Claude Paulvin qui intervenait à l’émission « sa k’ap kwit » diffusée sur la chaine 20 avait déclaré qu’il a l’impression que les acteurs économiques ont mal utilisé le dollar par rapport à la gourde, à travers les pressions et les spéculations qu’ils font sur le dollar. Ce dernier, étant beaucoup sollicité, pour payer les factures des importations, et pour y payer, il faut qu’on ait la devise, en dépit du fait qu’on ne produit pas pour exporter. Ce qui entraine un déficit de la balance commerciale presque chaque année.
En absence d’une politique monétaire à long terme, les autorités se contentent de prendre seulement des mesures conjoncturelles, lorsque la Banque Centrale décide d’injecter quelques millions de dollars dans l’économie, pour faire quoi au juste ? Ceci n’apporte pas de solution réellement.
Certes, il y a une certaine stabilité au niveau du dollar de nos jours, c’est parce qu’on est dans une situation de grève, de tensions, il n’y a pas de circulation de biens. Mais après cette période, une fois le calme est revenu la gourde s’enfoncera davantage par rapport au dollar.
Pour limiter ce phénomène alarmant, on propose une dollarisation intégrale de l’économie où le Gouvernement haïtien fera disparaitre la gourde au profit du dollar américain, on pense que cette mesure peut aider le pays à sortir dans ce dilemme où il fait face.
Ralph A. Jean Noel