« L’intelligence sans moralité n’est qu’un ornement pour salons mondains. »
Le 22 avril 2025, sur le réseau X, Me James Boyard, professeur d’université, politologue réputé, s’est fendu d’un commentaire qui a enflammé la toile : une défense musclée de Roselande Bélony, jeune journaliste évangélique dont une vidéo intime a récemment secoué l’espace public haïtien.
À première vue, son argumentaire est bien ficelé : Roselande n’a violé aucune loi, elle est victime d’un cyberdélit, et elle est injustement critiquée pour sa vie sexuelle. Ce serait presque convaincant… si ce n’était terriblement à côté de la plaque.
Le droit pour banaliser la morale
Oui, Roselande est majeure. Oui, elle a le droit d’avoir une sexualité active. Mais le scandale ne réside pas là. Il réside dans sa double vie publique : voix de la morale évangélique le jour, ébats clandestins la nuit. On ne lui reproche pas d’aimer, mais de mentir à ceux qu’elle prétend guider.
Et c’est là que Me Boyard, au lieu d’éclairer le débat, l’enfume. Derrière le juriste, on attendait un penseur, un homme de hauteur. Ce qu’on a eu, c’est un avocat de circonstance, prompt à tordre la logique pour défendre l’indéfendable.
Un soutien intéressé ?
Pourquoi cette prise de position si tranchée ? Est-ce une posture idéologique ? Un réflexe pseudo-progressiste ? Ou faut-il y voir, comme le pensent certains, une complaisance voilée, attirée par le charisme ou l’image de la jeune femme au cœur du scandale ?
Car soyons clairs : si Roselande avait été un homme prêchant la morale chrétienne tout en menant une double vie, aurait-il bénéficié d’un même plaidoyer de la part de Me Boyard ? La question mérite d’être posée.
Quand l’intellectuel trahit sa mission
Dans une société fragile, l’intellectuel n’est pas seulement là pour défendre des droits abstraits. Il est là pour dire ce que beaucoup taisent, pour nommer les tensions entre apparence et vérité, pour oser rappeler que l’éthique ne se réduit pas au droit.
En réduisant l’affaire Bélony à une simple question légale, Me Boyard trahit sa mission. Il ne défend pas une femme injustement accablée — il banalise une incohérence publique majeure, et affaiblit par ricochet la parole des figures d’autorité, religieuses ou non.
À chacun son choix. À chacun sa conscience.
Roselande a fait ses choix. Le public a le droit de s’en indigner. Et Me Boyard a le droit de la défendre. Mais qu’il ne vienne pas, en juriste éclairé, nous faire croire qu’il n’y a là ni faute, ni rupture, ni trahison. Car dans l’espace public, la parole engage, et la moralité, aussi relative soit-elle, reste un pilier fondamental de la confiance collective.
Mario Jean-Pierre