Arnel Joseph, connu du grand banditisme haïtien, a depuis quelques temps terrorisé la population. Il est sorti du petit soldat en 2011 pour devenir le grand Caïd qui a su mener, à maintes reprises, la Police Nationale en bateau.
Sa célébrité, pour être un « dangereux criminel », est divinisée de tous. Même quelques médias ont ressenti la fierté de recevoir Arnel comme invité du jour, car le peuple haïtien est à l’écoute pour chanter la gloire de sa férocité. Si El Chapo était le baron du Mexique, Arnel était celui d’Haïti. Sa violence était démesurée : viol, vol, braquage, meurtre, assassinat, détournement de marchandises. Il a su maintenir l’insécurité et l’instabilité face à l’impuissance de la Police, laquelle était le pion de ses amusements.
Préoccupé par cette conjoncture et le niveau d’acharnement du Caïd, le Directeur Général de la Police, Michel-Ange Gédéon avait disposé de deux (2) millions de gourdes à qui aurait offert la tête du puissant chef de gang sur un plateau d’argent à la Police.
Sa puissance a atteint son Zénith, jusqu’au jour de son arrestation ce 22 juillet 2019 dans la Commune de Cavaillon au sud du pays, alors qu’il était à l’Hôpital Lumière de Bonne Fin pour une opération chirurgicale, alors qu’il était blessé par balle au tibia, lors de son affrontement face à un autre chef de gang nommé « Ti sourit ».
Des images et vidéos n’ont pas pris le temps de faire le spectacle sur les médias sociaux, d’où l’on a pu constater Arnel nu comme un ver, recouvert de poussière et allongé à plat le sol. Il était menotté les bras derrière le dos, une blessure béate à l’épaule droite, un filet de sang à la bouche et la botte d’un policier pressé contre son torse nu. Toutes ces images et vidéos choquantes ont montré qu’Arnel a été malmené par la Police.
Depuis, le débat sur cette arrestation est très agité. Pour certains, cette arrestation est une victoire de la Police Nationale, pour ne pas dire une victoire de la société face à la criminalité et le banditisme. Ils l’associent même à un Karma inévitable, insinuant ainsi que c’est une fin bien méritée pour Arnel.
Pour d’autres, ils considèrent que cette arrestation se place désormais sur la liste des cas de violation des droits humains, particulièrement le droit à la protection et la dignité de la personne, précisant que toute personne a droit au respect de son honneur et à la reconnaissance de sa dignité. Et, à l’article 25 de la Constitution du 29 mars 1987 amendée le 9 mai 2011, il est mentionné : « Toute rigueur ou contrainte qui n’est pas nécessaire pour appréhender une personne ou la maintenir en détention, toute pression morale ou physique pendant l’interrogation sont interdites ».
Maintenant, considérons que ses droits eussent été violés par les forces de l’ordre, mais qui prendra la charge et le risque de le défendre par devant la justice ?
Le baron Arnel de Village de Dieu est réduit à la pitié de tous. On voit la population face à un mélange de frustration et de pitié, alors qu’une question fondamentale laisse tout le monde sur le qui-vive :
Entre un procès équitable et un verdict connu de toute la population, quel est le sort d’Arnel Joseph?
Certains voient Arnel comme une victime du système parmi tant d’autres. À ce propos, ils pensent qu’il devrait être interrogé pour livrer ses complices de hauts rangs.
Mais pour d’autres, il ne parlera pas. Du moins il n’aura pas le temps de parler, il sera tué. Son sort est scellé. Il est chaos.
Connaissant la réalité du système, qui de ces gens auront raison ?
De toute évidence, ses droits sont violés et bafoués depuis son arrestation. Néanmoins, va-t-il jouir d’un procès équitable ?
De plus, au regard des principes du Droit pénal général, repris à l’article 10 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) de 1948, il est prescrit : « Toute personne inculpée a droit à ce que sa cause soit entendue avec les garanties voulues, dans un délai raisonnable, par un Juge ou un tribunal compétent, indépendant et impartial, établi antérieurement par la loi, qui décidera du bien fondé de toute accusation dirigée contre elle en matière pénale et autres. »
Ainsi, jusqu’à sa condamnation par un Tribunal compétent, celui-ci reste un présumé innocent au regard de la loi tant que sa culpabilité n’ait été légalement établie.
De ce fait, il a le droit de se défendre soit par lui-même soit par un défenseur de son choix ou procuré par l’État. (Art 11 DUDH).
Au fait, partant de l’euphorie de la Police pour fêter la victoire de ce gros lot, tout en considérant l’implication de hauts dignitaires haïtiens dans le dossier d’Arnel Joseph, sans omettre la dépendance de la justice face à certains barons du système corrompu, à quoi peut-on s’attendre ?
Suivons la suite et soyez branchés !!!
Lamaria