Je viens de tomber sur un pseudo-article aux allures de pamphlet viral, intitulé – tenez-vous bien – “Le PM Didier Fils-Aimé vend Haïti en silence : révélations sur un contrat choc.” Rien que le titre frôle le ridicule. Un ramassis de spéculations sans queue ni tête, publié par un “média” dont l’existence semble aussi fictive que le contenu qu’il diffuse. Et pourtant, certains prennent ce genre d’élucubrations au sérieux.
Mais sérieusement… comment vend-on un pays ? Sur eBay ? En crypto ? Avec un reçu ? Depuis 1986, on a assisté à une dérive inquiétante : plus c’est gros, plus ça passe. Les réseaux sociaux, qui auraient pu servir à éduquer, à éveiller les consciences, sont devenus le théâtre des pires fantasmes collectifs.
Le plus triste ? Ce ne sont pas seulement les ignorants qui relaient ces sottises, mais aussi des gens instruits, diplômés, supposément lucides, qui partagent – parfois même avec fierté – ces torchons anonymes, écrits dans l’unique but de salir. Salir, diviser, saboter.
Haïti ne manque pas de défis. Mais le plus dangereux d’entre eux, ce ne sont ni le blanc, ni le secteur privé, ni même la classe politique. C’est notre propre incapacité à faire preuve d’un minimum de discernement. Nous consommons le mensonge comme un plat quotidien, avec appétit et naïveté.
Alors, mettons les choses au clair : le Premier ministre Didier Fils-Aimé ne “vend” pas Haïti. Il affronte de front une insécurité endémique, dans un climat hostile, tout en préparant des élections crédibles. Et ça, ce n’est pas un luxe en Haïti. C’est une nécessité, une urgence.
Oui, le mois de juillet sera long. Plus on approche du 7 août, plus les attaques vont pleuvoir. On connaît la chanson. Mais nous devons refuser de tomber dans le piège de la désinformation. Il est temps d’élever le débat.
Car la vraie question est la suivante : allons-nous enfin sortir de ce cycle de haine, de suspicion, de calomnie gratuite ? Ou allons-nous continuer à nous tirer dessus pendant que le pays brûle ?
Haïti ne sera sauvée ni par les fausses révélations, ni par les hashtags hystériques. Elle sera sauvée par l’unité. Par la lucidité. Par l’action.
Assez de mensonges. Assez de manipulation. Assez de sabotage.
Il est temps de reprendre notre dignité en main. Ensemble.
Ivon JEAN MARIE
Delmas 49
Port-au-Prince, 8 juillet 2025