L’assassinat du Président de la République en fonction, Jovenel Moïse en son domicile le 7 juillet 2021 par un commando multinational, suffit amplement à traduire l’échec cuisant de la mission du Bureau intégré des Nations-Unis en Haïti (Binuh). À quoi bon de renouveler pour une énième année son mandat si un an après ce crime spectaculaire qui a ému le monde entier, le Binuh n’entend toujours pas contribuer véritablement à l’aboutissement de l’enquête pendant que la situation globale du pays ne fait que s’aggraver avec un système judiciaire qui devient de plus en plus dysfonctionnel.
Malgré une demande judicieuse du ministre des Affaires étrangères d’alors, Dr Claude Joseph pour l’appui de l’Onu et la création d’une Commission d’enquête internationale, il a obtenu une fin de non recevoir. Et celle de son successeur le Premier ministre Ariel Henry pour une assistance technique la réponse se fait jusqu’à présent vainement attendre. Or, comme l’avait justifié l’ex-Premier ministre Claude Joseph dans sa requête, le fait que la présomption de la participation de ressortissants de pays étrangers dans le financement, la planification et la mise en œuvre de cet acte odieux et crapuleux en fait un crime international dont la clarification et la répression appellent à la solidarité internationale.
Après un mandat de neuf (9) mois pour un résultat nul, Mme Helen La Lime a obtenu à l’unanimité la bénédiction du Conseil de sécurité des Nations-Unies pour le renouvellement de son mandat pour une année de plus. Comme si, elle faisait œuvre qui vaille dans la mission qui lui a été confiée en Haïti. Comme si elle a été honorée d’avoir bien nié l’enquête sur le magnicide et la quête du bien-être de la population.
Son bilan est catastrophique. Car la situation sécuritaire du pays ne cesse d’empirer avec un Premier ministre de facto, soupçonné dans l’assassinat du Président de la République, qui dirige seul le pays. Le pouvoir judiciaire se plie quasiment sous le poids des gangs armés. Qui pis est, il a déjà fait défiler cinq juges sur le dossier de l’assassinat du Président Moïse. Pourtant l’enquête au niveau national est toujours au point mort. Le dialogue entre les acteurs politiques se fait pour la pérennisation de ce gouvernement provisoire. Le consensus en vue de trouver la stabilité politique pour l’organisation des élections et le retour à l’ordre démocratique, n’est qu’une diversion.
Si le Conseil de sécurité des Nations-Unies entend réellement soutenir le peuple haïtien dans sa quête de bien-être, ne devrait-il pas s’atteler d’abord à supporter une enquête internationale afin de rendre justice au peuple haïtien et à la famille du Président assassiné ?
Jean-Samson Etienne