Moins de 48 heures après avoir présenté ses excuses à la population haïtienne pour avoir soutenu Michel Martelly, l’ancien Premier ministre Laurent Salvador Lamothe est revenu sur le devant de la scène avec une prise de position centrée sur l’assassinat du président Jovenel Moïse et la quête de justice qui demeure, selon lui, inachevée. Le message, publié hier sur son compte X, intervient 53 mois après le crime du 7 juillet 2021, toujours entouré de zones d’ombre.
« Aujourd’hui marque le 53ᵉ mois depuis que le Président Jovenel Moïse nous a été arraché », écrit Laurent Lamothe, affirmant que « ni la douleur, ni les questions, ni la quête de vérité ne s’effacent ». En quelques lignes, l’ancien chef du gouvernement insiste sur la persistance du traumatisme national et sur l’absence de réponses judiciaires claires près de quatre ans et demi après l’assassinat du chef de l’État.
Dans son message, Laurent Lamothe évoque la mémoire d’un président qu’il décrit comme animé par la conviction qu’« Haïti pouvait se relever, malgré les tempêtes, malgré les menaces, malgré l’isolement ». Il ajoute : « Sa voix a été réduite au silence, mais son combat reste vivant », une formulation qui replace le crime dans une dimension politique et symbolique, au-delà du drame humain.
Cette sortie prend une résonance particulière dans le contexte de ses déclarations récentes. Moins de deux jours auparavant, Laurent Lamothe avait reconnu publiquement avoir soutenu Michel Martelly, tout en présentant ses excuses à la population et en affirmant que la « rupture est totale » depuis le lendemain de l’assassinat de Jovenel Moïse. Une précision qui lie directement, dans son discours, le crime à un tournant personnel et politique.
Citant Nelson Mandela : « La mort n’est rien, mais vivre vaincu et sans gloire, c’est mourir chaque jour » l’ancien Premier ministre affirme : « 53 mois plus tard, nous refusons de vivre vaincus. » Il conclut en réitérant un appel explicite : « Nous continuons d’exiger justice, vérité et dignité pour Jovenel », accompagné du mot-clic #JistisPouJovenel.
Dans une Haïti toujours marquée par l’impunité et la défiance envers les institutions, cette prise de parole remet l’assassinat du président au centre du débat public et ravive les attentes autour d’une justice qui, à ce jour, peine à se concrétiser.
Jean-,Samson Étienne

