Nous sommes au début des années 2000…, « Lame wouj », mythe ou réalité (?), à Cité Soleil n’est plus. Pareil pour Ti Élysée alias Chuck Norris indexé dans l’assassinat du père Ti Jean Pierre-Louis.
Cependant, à Portail Léogane, l’insécurité a pris une autre tournure. Elle arrive à son pic. La zone, un point névralgique pour la capitale, a vu changer de manière parodique son nom en celui de Kosovo (!) qui à l’époque sort tout juste d’une guerre et vient d’être aspergée de sang par l’intraitable Slobodan Milosevič. L’opus « Ti Bilan » de Chandèl attire l’attention sur le problème.
Parallèlement, à La Saline, Ronald Camille, dit Ronald Cadavre, agit en seul maître et seigneur. Lui ne vole pas, il tue… par intérêt et aussi pour le plaisir. L’ère n’est donc pas seulement à l’apogée du mouvement des « Zengledou » ; elle fait bizarrement penser à la période du Far West ayant marqué les États-Unis. Le groupe Carimi en fait mention dans le titre « Bang bang ».
À cela, les fréquentations et les échanges commerciaux, aux risques de braquage, se font très rares au bas de la ville. Les gens ont peur…, frappés de stupeur aussi par la mort de Jean Léopold Dominique et l’explosion des bombes artisanales à la veille de l’élection présidentielle de 2000.
Afin d’éradiquer le mal, Jean-Bertrand Aristide arrivé au pouvoir met à exécution son « je veux et peux » et opte ainsi pour la « tolérance zéro », ou plutôt le « Zéro Tolérance » qu’il entend appliquer aussi dans l’utilisation abusive des véhicules appartenant à l’État. Boukman Eksperyans pour une fois est en accord avec le pouvoir. L’éloge apparaît dans l’une de ses chansons de carnaval.
Des bandits meurent en grande quantité, et chaque jour dans des lieux divers : Carrefour-feuilles, Poste-Marchand, Nazon, Bourdon, Christ-Roi, Canapé-Vert et quelques autres quartiers. Un peu partout, le pays se voit débarrasser de la gangrène du banditisme. Il n’en fallait pas plus pour que les activités, dans tous les endroits de la ville, reprennent. Pas plus aussi pour que l’opposition politique puisse accuser le gouvernement de commanditer des assassinats sur des jeunes, prenant comme par enchantement le statut de militants à chaque fois qu’ils se retrouvent emballés dans une bâche de couleur noire, couverts d’un drap blanc et allongés dans cette fameuse ambulance toujours inondée de la matière sanguine. La mort des quatre fils de Viola Robert embarrasse beaucoup plus que l’affaire du commissaire Jean Coles Rameau en 1999.
Arrivent ensuite les évènements de 2003-2004, l’amplification des cas de Kidnapping et la fameuse « Opération Bagdad ». Port-au-Prince, Gonaïves, Saint-Marc, Cap-Haïtien, Petit-Goâve et Jacmel subissent plus que toute autre Commune le drame.
De Prosper Avril jusqu’à Jovenel Moïse, la criminalité comme elle se présente actuellement n’est pas nouvelle et rimera toujours avec la politique !
Qui, en attendant juste un sens à tout ça, peut prétendre que « Baz Scie à Métaux » et « Baz Dan Fè » en termes d’esprit n’existent plus ; et n’admettait que le pays fait penser à la Somalie des années 90 ?
De toute évidence, il semblerait que Port-au-Prince devra voir naître des supers héros comme à Gotham, Death Wish ainsi que Sin City ?
R.G (LHommeALaPlumeRouge)