Dans sa rubrique « Plateforme d’éducation financière » publiée le 28 septembre 2024, l’économiste Eddy Labossière a analysé le rapport de la Banque de la République d’Haïti (BRH) sur les dix ans de mise en œuvre de la Stratégie Nationale d’Inclusion Financière (SNIF). Bien que l’ancien Gouverneur Jean Baden Dubois ne soit plus en fonction depuis le 8 octobre 2023, du haut de ses huit ans à la tête de cette plus haute institution bancaire du pays, il reste le principal artisan de ce succès bancaire. Ce dernier, souvent critiqué durant son mandat, a œuvré pour des projets à moyen et long terme, et les résultats de cette stratégie viennent, aujourd’hui, justifier sa vision.
Un bilan positif pour la BRH selon Eddy Labossière
Lors de son analyse, le Dr. Eddy Labossière a salué les efforts de la BRH pour la promotion de l’inclusion financière en Haïti. « La publication de ce document par la BRH démontre un bilan positif dans la mise en œuvre de la stratégie d’inclusion financière, et il convient de saluer les efforts des dirigeants de la banque, » a-t-il affirmé. Ce rapport met en avant les avancées dans plusieurs dimensions, telles que l’accès aux services financiers, l’utilisation des comptes bancaires, ainsi que la promotion de l’épargne et de la résilience financière.
Des défis persistants pour l’inclusion financière
Malgré ces progrès, le chemin de l’inclusion financière en Haïti reste semé d’embûches, comme le souligne le Dr. Labossière. Le document de la BRH révèle que seulement 30,5 % de la population haïtienne a accès aux services financiers, un chiffre encore insuffisant pour une inclusion véritable. « Il est indéniable que des progrès ont été réalisés, mais l’accès aux services bancaires reste encore limité pour une large partie de la population, en particulier dans les zones rurales », a précisé l’économiste. Il a également mis l’accent sur l’importance de renforcer les infrastructures de paiement, telles que les points de services financiers (POS) et les institutions de microfinance.
La diversification des services financiers : une clé pour l’avenir
Pour Eddy Labossière, la diversification des offres de services financiers est cruciale pour élargir l’accès aux services bancaires. Il a notamment mentionné l’importance des fintechs, des coopératives d’épargne et de crédit, et des institutions de microfinance : « Il faut encourager ces acteurs à jouer un rôle plus actif dans la facilitation de l’accès aux services bancaires. » En plus des coopératives, le secteur compte plusieurs institutions de microfinance, telles que ACME, FONKOZE, et FINCA, qui œuvrent pour une meilleure inclusion financière.
Un appel à la régulation pour des services financiers abordables
Malgré les avancées observées, des défis importants demeurent. Le Dr. Labossière insiste sur la nécessité pour les autorités de régulation d’intervenir afin de garantir des services financiers accessibles à tous. « Il est impératif que les autorités interviennent pour corriger les pratiques tarifaires abusives de certaines banques et institutions financières. L’inclusion financière ne peut pas être une réalité si les coûts des services restent prohibitifs pour une majorité de la population, » a-t-il ajouté.
Conclusion : des perspectives positives mais un long chemin à parcourir
Le rapport de la BRH sur les dix ans de la SNIF marque un jalon important pour l’inclusion financière en Haïti. Eddy Labossière conclut son analyse en soulignant que, malgré les efforts et les progrès réalisés, un travail significatif reste à faire pour que l’inclusion financière devienne une réalité accessible à tous les Haïtiens. En rendant hommage au rôle de la BRH et à la vision à long terme de ses dirigeants, il rappelle l’importance de la synergie entre les acteurs de l’écosystème financier haïtien pour construire un avenir où les services financiers seraient équitables et accessibles à tous.
Maxime E. Jean-Baptiste