Après une longue période d’attente, la Cour fédérale du Canada a rouvert le dossier opposant l’ancien Premier ministre haïtien Laurent Salvador Lamothe au gouvernement canadien. Cette décision, annoncée à la suite d’une audience tenue le 23 octobre 2025 à Edmonton (Alberta), relance la procédure engagée par M. Lamothe pour contester les sanctions imposées à son encontre en 2022.

Sous la présidence du juge adjoint Shannon, nouvellement désigné pour assurer la gestion du dossier, deux recours, enregistrés sous les numéros T-2697-22 et T-402-24, ont été regroupés après avoir été suspendus par ordonnance en janvier 2025. Ces procédures visent à examiner la légalité et la justification des mesures prises par Ottawa dans le cadre de sa politique de sanctions contre certaines figures politiques haïtiennes.
Laurent Lamothe soutient que ces sanctions, notamment le gel de ses avoirs et l’interdiction d’entrer au Canada, ont été décidées de manière arbitraire et sans fondement. Il dénonce également une collusion politique entre le gouvernement canadien et celui d’Ariel Henry, qu’il accuse d’avoir cherché à influencer la scène politique haïtienne.
Pour sa part, le gouvernement canadien justifie ces sanctions par la volonté de lutter contre la corruption et de favoriser la stabilité en Haïti. La réouverture du dossier marque donc une étape importante dans ce bras de fer juridique, dont l’issue pourrait créer un précédent pour d’autres personnalités sanctionnées dans des circonstances similaires.
Selon plusieurs observateurs, les mesures prises à l’encontre de Laurent Lamothe reposeraient sur une interprétation erronée de son bilan en matière de sécurité. Sous son administration, le phénomène des enlèvements avait considérablement reculé : en août 2013, aucun cas n’avait été recensé. L’ancien Premier ministre avait contribué au démantèlement de puissants réseaux de ravisseurs, tant dans l’entourage présidentiel que dans certains milieux de la bourgeoisie haïtienne. Il avait également favorisé le rétablissement de l’ordre dans des zones autrefois considérées comme « de non-droit ». Autant d’éléments qui, selon ses partisans, renforcent la pertinence de son recours devant la Cour fédérale.
Frantz Jean-Louis
