Alors que trois Conseillers-Présidents autour de Lesly Voltaire, le président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), sont officiellement épinglés par l’Unité de Lutte contre la Corruption (ULCC) pour leur implication présumée dans un scandale de corruption à la Banque Nationale de Crédit (BNC), une situation de crise éclate au sommet de l’État. Lesly Voltaire, ayant bénéficié du soutien de ces trois présumés corrompus malgré les accusations pesant contre eux, les a protégés en invoquant la présomption d’innocence, tout en détournant l’attention vers d’autres affaires.
L’affaire a pris une nouvelle dimension avec la convocation de Dominique Dupuy, la ministre des Affaires étrangères, par le CPT pour clarifier les incidents diplomatiques survenus lors de la 79ème Assemblée Générale des Nations Unies à New York. Alors que Dominique Dupuy est en première ligne pour défendre les intérêts d’Haïti face aux déportations massives et illégales orchestrées par les autorités dominicaines sous la direction du président Luis Abinader, cette convocation a suscité de vives tensions entre Lesly Voltaire et le Premier Ministre Garry Conille.
Dans une lettre-réponse cinglante, Lesly Voltaire a accusé Garry Conille de chercher à bloquer les actions de la présidence et à entraver le travail du CPT. Il a rejeté la demande de report formulée par le Premier Ministre, qui estimait que le délai imparti à Dominique Dupuy pour préparer sa défense était insuffisant. Voltaire a soutenu que le Conseil Présidentiel de Transition, en vertu de ses prérogatives constitutionnelles, avait toute légitimité pour convoquer un membre du gouvernement sans consulter le Premier Ministre.
Le président du CPT a rappelé à Garry Conille les articles 136 et 169-1 de la Constitution, soulignant que le Conseil a pour mission d’assurer le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et la continuité de l’État. Il a insisté sur le fait que le Président de la République, dans l’exercice de ses fonctions, possède le droit de donner des ordres, écrits ou verbaux, aux ministres, et que ces derniers ne peuvent échapper à leurs responsabilités.
Dans son argumentaire, Lesly Voltaire a ainsi tenté de démontrer que le CPT agissait dans le respect des lois républicaines et n’avait jamais cherché à empêcher le Premier Ministre d’exercer ses fonctions. Cependant, en prenant la défense de trois conseillers dont l’intégrité est mise en cause par l’ULCC, il soulève des questions sur la cohérence de sa démarche en matière de transparence et de lutte contre la corruption.
En parallèle, l’opinion publique s’interroge sur la volonté de Lesly Voltaire de détourner l’attention de l’affaire de la BNC vers des questions diplomatiques, alors même que le pays traverse une crise sociale et politique profonde. Sa gestion de ce dossier soulève des critiques quant à son sens de la justice et de la responsabilité, donnant l’impression d’un dirigeant prompt à faire la leçon mais moins prompt à corriger les dysfonctionnements au sein de sa propre équipe.
Mario J. Germain