Dans une révélation choc faite à l’émission “Invité du Jour” de radio vision 2000 le mercredi 25 juillet dernier, Me Sonnet Saint-Louis a catégoriquement dénoncé les Conseillers-Présidents Louis Gérald Gilles, Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire d’avoir exigé du Président du Conseil d’administration de la Banque nationale de crédit (BNC), Raoul Pierre-Louis, en date des 25 mai et 1er juin 2024, une somme de 100 millions de gourdes pour le maintenir à son poste. L’éminent professeur à l’Université d’État d’Haïti (UEH), qui est également l’avocat de M. Pierre-Louis dans cet épineux dossier de pots-de-vin, a affirmé disposer d’éléments tangibles pour étayer ses accusations. « Mon client a déjà formellement informé le Premier ministre Garry Conille de cette affaire », a-t-il révélé.
Réactions
Bien que, le représentant du parti politique “Pitit Dessalines” au sein du CPT, Me Emmanuel Vertilaire et les deux autres indexés, le diplomate Smith Augustin du regroupement EDE/RED et Compromis Historique, et le Dr Louis-Gérald Gilles de l’Accord du 21 décembre aient chacun publié une note pour nier ces accusations. Mais cela ne peut rien changer dans l’opinion publique. Les premiers citoyens de la Nation doivent être au-dessus de tout soupçon de corruption, surtout dans un pays où la lutte contre la corruption devrait être au premier plan dans l’agenda de chaque dirigeant, tant ce fléau a économiquement mis à genoux la majorité de la population. D’où la nécessité pour les Conseillers-Présidents incriminés de s’écarter provisoirement et immédiatement de leurs fonctions pour se rendre disponibles à la justice et permettre que la lumière soit faite sur ces graves soupçons de corruption. Il en va de leur intégrité et de celle des six autres conseillers.
Réponses et limitations
Dans les coulisses, on apprend que le Département du Trésor américain ne reste pas insensible à ce scandale de corruption et s’apprêterait à appliquer sans delai de lourdes sanctions contre les coupables au cas où ces allégations seraient fondées. Pour sa part, l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) a déjà envoyé une lettre d’invitation pour le mardi 30 juillet prochain au directeur du Conseil de la BNC dans le cadre de l’ouverture d’une enquête sur cette affaire. Toutefois, cette institution ne dispose pas de provisions légales pour poursuivre des personnalités jouissant de tous les attributs de la fonction présidentielle, dont l’immunité présidentielle. Serait-ce pour cette raison que Me Lionel Constant Bourguoin le Commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de Port-au-Prince tarde encore à mettre l’action publique en mouvement contre ces Conseillers-Présidents ?
Appels à l’action
Au nom de l’intérêt fondamental de la Nation, pour éviter un troisième pouvoir de transition successif et pour la confiance dans l’organisation et le résultat des prochaines élections dans le pays, les partis et regroupements politiques dont les représentants sont concernés par cette affaire ont le devoir, conformément au prescrits de l’Accord du 3 avril, de procéder à leur remplacement immédiat si ces allégations de corruption soient avérées. De même, les six autres Conseillers-Présidents non impliqués dans ce scandale, s’ils ne veulent pas se rendre complices, devraient adopter une résolution écartant leurs collègues de leurs rangs afin qu’ils soient disponibles pour la justice. Le gouvernement dirigé par le Premier ministre Garry Conille, qui a fait de la lutte contre la corruption l’une de ses priorités, devrait également adopter une résolution exigeant que les Conseillers-Présidents accusés se présentent devant la justice avant toute collaboration avec le gouvernement.
Pour la transparence et la justice
Le directeur d’administration de la BNC pourrait bien mentir soit pour conserver son poste, soit pour discréditer les Conseillers-Président pour d’autres raisons inavouées et inavouables. Néanmoins, ni les autres membres du CPT, ni ceux du gouvernement, ni leurs alliés politiques ne doivent prétendre les empêcher de se rendre disponibles à la justice afin de faire prévaloir leur innocence. Personne n’est au-dessus de la loi. La lutte contre la corruption ne doit pas être considérée comme une politique deux poids deux mesures. Nous, les Haïtiens conscients, n’attendons pas la décision de la Communauté internationale qui a porté ce CPT sur les fonts baptismaux. Pour une fois, soutenons la justice de notre pays pour prouver sa capacité. Exigeons à l’unisson que des membres du CPT épinglés se mettent disponibles pour les autorités judiciaires. Soyons vigilants contre tous ceux et toutes celles qui entendent faire obstacle à la justice dans ce scandale. Les secretaires et sous-secretaires départementaux du parti EDE montre la voie à suivre en invitant son représentant à la démission ; si les autres membres des autres structures politiques en font autant, ou si les autres membres du CPT agiront en hommes et femme d’État, la vérité sortira du puits. Aucun complot ne leur tiendra à leur poste tant que ce scandale ne soit pa éclairci.
Conséquences de la corruption et le devoir du gouvernement
La corruption exacerbe et nourrit la pauvreté. La corruption est source de l’impunité, de l’injustice, de l’insécurité et de l’instabilité en Haïti. Elle a des conséquences graves sur le niveau de vie des haïtiens et sur l’accroissement des inégalités sociales en Haïti, car elle décélère et contrarie la croissance économique générale du pays. Le gouvernement de Garry Conille doit essentiellement combattre la corruption par toutes les voies légales et de justice pour éradiquer ce fléau. Le gouvernement du Premier Ministre Garry Conille dans sa lutte de “Zéro Tolérance” contre la corruption doit sensibiliser et conscientiser la population haïtienne sur les dangers de la corruption et ses effets négatifs sur la société. Soulignons qu’il est du devoir du Conseil Présidentiel de Transition et du gouvernement de réprimer tout acte de corruption pour déconforter et consterner les acteurs corrompus et leurs acolytes.
Dr Jean Willio Patrick Chrispin