Alors que les États-Unis et le Canada multiplient à tort ou à raison des sanctions contre des personnalités haïtiennes accusées de soutenir les gangs et la corruption, Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, a exprimé son profond mécontentement face à l’indifférence internationale à l’égard d’Haïti. Lors d’un entretien accordé à l’AFP le 16 septembre dernier, il a vivement dénoncé le manque de soutien financier pour la mission de sécurité en Haïti, la qualifiant d’« absolument inacceptable ».
Un déséquilibre criant dans l’aide internationale
Pendant que des pays comme Israël et l’Ukraine reçoivent des milliards de dollars en aide militaire et matérielle, Haïti, ravagé par la violence des gangs et une crise sociopolitique complexe, lutte désespérément pour attirer l’attention de la communauté internationale. « Quand il y a une guerre, on trouve de l’argent pour toutes sortes de choses. […] Quand un peuple souffre dans une situation si désespérée […] je pense que c’est totalement inacceptable que cet argent ne soit pas disponible », a déclaré un Guterres visiblement agacé par ce qu’il perçoit comme un double standard international.
Une mission de sécurité invisible
Le 25 juin 2024, un premier contingent de policiers kényans a été déployé à Port-au-Prince dans le cadre de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), soutenue financièrement par les États-Unis. Cette mission, approuvée par le Conseil de sécurité des Nations Unies le 2 octobre 2023, avait pour but de renforcer la police haïtienne, submergée par les violences des gangs. Cependant, malgré l’urgence, les troupes supplémentaires attendues pour la MMAS n’ont toujours pas foulé le sol haïtien. En dehors d’environ quatre cents policiers déjà présents, leur nombre est insuffisant pour changer la situation sécuritaire du pays.
Les Haïtiens face à l’hypocrisie internationale
Cette absence de fonds et d’engagement clair suscite des doutes chez de nombreux Haïtiens quant à la volonté réelle de la communauté internationale d’aider Haïti. Tandis que des milliards de dollars sont alloués à d’autres crises mondiales, Haïti continue de se débattre dans l’oubli, alimentant un sentiment d’abandon et d’injustice. « Est-ce que la communauté internationale veut vraiment la stabilité en Haïti ? » s’interrogent plusieurs citoyens.
Le ras-le-bol exprimé par Antonio Guterres est un appel direct à une prise de conscience globale. Si la communauté internationale souhaite voir Haïti sortir de cette spirale d’instabilité, elle doit se mobiliser avec autant de force et de ressources que pour d’autres crises internationales. Le temps n’est plus aux paroles creuses, mais à une action concrète pour soutenir un peuple en détresse.
Devrait-on déduire que la véritable objectif de ces deux grandes puissancs de l’Amerique du Nord est de réduire Haïti en lambeau pour y appliquer leur propre agenda comme plusieurs observateurs le pensent ?
Rood Junior Pierre