Dans un message publié sur X ce matin 19 octobre 2025, la veille de l’investiture du président américain Donald Trump, Laurent Lamothe, l’ancien Premier ministre d’Haïti, a vivement critiqué le bilan de l’administration Biden, et plus particulièrement celui d’Anthony Blinken et de Brian Nichols, qui quittent leurs fonctions dans la diplomatie américaine.
L’ancien chef de Gouvernement accuse ces deux hauts responsables d’avoir orchestré ce qu’il qualifie de « chaos en Haïti ». Selon lui, malgré les promesses et l’aide financière allouée, les actions des États-Unis n’ont fait qu’aggraver la situation sur le terrain. « #CiaoTONY… Aujourd’hui marque le dernier jour de #Blinken et Brian Nichols, les architectes du chaos en Haïti. Leur bilan : 600M USD pour une force de sécurité importée et temporaire, mais pas un centime pour l’armée haïtienne, seule force capable de lutter et vaincre les gangs, » a-t-il déclaré.
Dans son message, Mr Lamothe critique également la stratégie américaine en matière de sécurité. Il dénonce l’échec des investissements dans la Police Nationale d’Haïti (PNH) et l’absence de soutien à l’armée nationale. Il pointe du doigt un processus qu’il qualifie de politisé et inefficace : « Ils ont bercé les Haïtiens de promesses creuses pour la PNH, tout en imposant des blocages de visas… un écran de fumée basé sur une liste d’élimination politique soufflée au Black Caucus par des gangs en cravate. »
Le bilan dressé par Laurent Lamothe est désastreux. Il mentionne que 85 % de Port-au-Prince est sous contrôle des gangs, des infrastructures vitales comme l’aéroport et le port de la capitale sont paralysées, et les hôpitaux sont dans un état critique. « Résultat ? L’Hôpital Général déserté et sous contrôle des gangs, l’Hôpital Bernard Mevs incendié. Le désespoir généralisé. Bravo les artistes ! »
À travers ce message, Laurent Lamothe exprime sa frustration face à une gestion qu’il estime non seulement inefficace, mais aussi nuisible pour le peuple haïtien. Le départ de Blinken et Nichols est perçu par lui comme une fin symbolique à une période d’échec et de désillusion pour Haïti.
Il est à rappeler que si certains reprochent à l’ancien Premier ministre Lamothe de mener sa probable candidature à la présidence à travers ses programmes sociaux, on est unanime à admettre que sous son administration (mai 2012 – décembre 2014), Laurent Lamothe avait fait de la sécurité une priorité nationale. Grâce à une politique de tolérance zéro, il avait démantelé des gangs notoires, dont celui de Clifford Brandt, et réduit les enlèvements à un niveau quasi nul. Les Haïtiens retrouvaient alors une vie normale : les boîtes de nuit étaient animées, et le pays commençait à regagner sa place sur la carte touristique mondiale. Ce combat acharné contre le crime organisé, qui touchait même des figures influentes, reste l’une des actions les plus mémorables de son administration.
Marc H. Charles