La guerre des accords pour couper le gâteau de la Transition s’intensifie. Des groupes réactionnaires tant de la classe politique que de la société civile sont à couteaux tirés. Ils s’accrochent avec leur salle et honteuse pratique antidémocratique pour le pouvoir : « ôte-toi de là que je m’y mette ». Ceci, trois mois après l’assassinat crapuleux du Président de la République Jovenel Moïse.
Tant pis si la machine du kidnapping et de l’insécurité fait couler des larmes et endeuiller dramatiquement au quotidien. Tant pis si le pays se noie constamment dans le black-out. Tant pis si des concitoyennes et concitoyens fuient massivement le pays pour traverser la forêt de Darian à la recherche d’un mieux-être. Tant pis si la grande majorité de la population ne sait à quel saint se vouer pour tenir les deux bouts.
Une chose est sûre, l’homme qui symbolisait l’ennemi commun du système politico-économique est bel et bien assassiné. Des ministre et commissaire du gouvernement sont brutalement renvoyés pour avoir tenté de lui rendre justice. Gare à ceux et celles qui oseraient poursuivre cette démarche. De quoi se réjouissent ses assassins.
Le père fondateur de la Nation, l’empereur Jean-Jacques Dessalines, a été rageusement abattu peu après l’Indépendance pour avoir pris la défense des « Va-nu-pieds » de la jeune République. « Et les pauvres nègres dont leur père sont en Afrique, n’auront-ils donc rien ? « interrogea-t-il à des affranchis (mulâtres pour la plupart) qui voulaient s’emparer des vastes habitations laissés par les colons au mépris des nouveaux libres ou des anciens esclaves. Depuis, ces insatiables « aloufa » du système politico-économique et discriminatoire, renforcé à la fin du 19e siècle par des étrangers (Syriens et Libanais venus s’installer en Haïti), ont fait main basse sur la richesse et le pouvoir du pays.
Le feu président Jovenel Moïse avait connu le même sort que l’empereur dans sa résidence privée le 7 juillet dernier. Issu de la paysannerie, il a osé s’attaquer à des contrats léonins et bidon de cette élite économique qui s’installe dans la capitale. Lesquels contrats tiennent constamment la population dans la pauvreté extrême mais soutiennent grassement des politiciens véreux et sans vergogne. Aujourd’hui, Jovenel Moïse n’est plus. Comme si le système politico-économique, 215 ans après, avait récidivé son acte contre les « Gwo zòtèy », les « Tèt Kana », les « TiMari », les « TiJozèf » de la société en vue de pérenniser sa prédominance à outrance.
Jean-Samson Rock