Il faut être deux pour danser le tango, dit-on. Pour garantir sa longévité au pouvoir sans rendre compte à quiconque, la bande au Premier ministre Ariel Henry embrasse le phénomène de l’insécurité avec un ton tellement complaisant. Elle marque des pas sur place. Les yeux fermés. Comme si elle voulait arrêter le temps. En d’autres mots garder le statu quo. Pérenniser ce terrifiant instant. Jouir de ce moment de malheur quotidien des Haïtiens. Rien que pour repousser l’organisation des élections le plus loin possible afin que le peuple, le souverain, ne puisse toujours pas élire démocratiquement et légitimement ses dirigeants.
La durée du pouvoir en place se rallonge à chaque cri de détresse de la population face à la terreur des gangs, à chaque enlèvement d’un membre de la population, à chaque fuite des cerveaux vers l’extérieur, à chaque déplacement forcé des riverains de leurs quartiers pour s’échapper de la fureur des bandes armées. Donc, entre la volonté d’un gouvernement illégitime et illégal de s’accrocher au pouvoir juste pour ses poches et ses proches et la suprématie des gangs armés, les violons semblent bien accordés. L’harmonie est parfaite.
La population est dans la merde. Elle est belle et bien prise en sandwich. Ceux qui sont payés pour la protéger paradoxalement la livrent en pâture pour conserver leur pouvoir pour s’en servir. Le grand Sud n’est plus connecté depuis tantôt huit mois avec Port-au-Prince, le centre économique du pays, à cause du pouvoir royal des gangs de Martissant. 25 policiers qui devaient se rendre aux Cayes pour contrer les manifestants contre l’insécurité ont dû frayer un chemin par Saint-Jude pour laisser travailler en paix les caïds de Martissant. Ils ont désormais Carte blanche, ces tueurs En attendant un réveil de la population.
Qui pis est, comme si c’était une fatalité, la majorité des membres de la société civile et des leaders politiques oublient le mot élection dans leur champ lexical. Ils multiplient des proposition, mijotent des plans et se complotent pour succéder à Ariel Henry sans passer par la voie électorale. Certains observateurs vont jusqu’à croire qu’ils ne seraient non plus innocents dans la montée de l’insécurité pour prouver la déliquescence du gouvernement du Premier ministre/Président Ariel Henry. Preuve que les maîtres de l’insécurité et les jouisseurs de ce gouvernement de transition dansent bien le tango, ou s’entendent allègrement pour la descente aux enfers des citoyennes et citoyens.
Jean-Fils Mathurin