L’histoire jugera sévèrement les temps où l’échec portait un uniforme. Dans les couloirs du ministère de la Justice circule un document glaçant, non par ce qu’il révèle, mais par ce qu’il confirme : malgré des moyens colossaux mobilisés, la terreur prospère sur le terrain, et l’inaction persiste dans le haut commandement de l’institution policière ayant à sa tête un homme : Rameau Normil.
Plus de 2,56 millions de dollars américains ont été débloqués par le gouvernement d’Alix Didier Fils-Aimé entre janvier et avril 2025 pour appuyer des opérations ciblées contre les gangs à Kenscoff, dans l’Artibonite et à Mirebalais. Le soutien est là, concret, palpable. L’État a répondu présent. Mais sur le terrain, c’est la loi des gangs qui prévaut, pas celle de la République.
Faire mieux avec peu, telle est la marque des vrais stratèges. Mais à la lumière des faits, l’actuel directeur général de la Police nationale d’Haïti semble inverser l’équation : faire pire avec beaucoup. Plus de 2,56 millions ont été injectés, et pourtant, le chaos règne. Les gangs dictent leur loi. Les citoyens comptent leurs morts.
Faut-il voir dans cet immobilisme un simple aveuglement stratégique, ou, comme le murmurent les rumeurs les plus sombres, une volonté sournoise d’éradiquer les masses par la passivité des autorités ? Pourquoi, alors, le Conseiller-Président Fritz Jean et ses pairs persistent-ils à défendre l’indéfendable ? Que mijotent-ils avec Mr Rameau ?
Le Premier ministre a mis cartes sur table. L’État a donné, investi, agi. L’échec est désormais localisé, identifié. Le moment est venu de rompre avec la passivité. Il faut chasser l’incompétence. Car une nation qui subventionne sa propre insécurité n’est pas gouvernée : elle est trahie.
Anthony J. Bernard