Les prochaines compétitions électorales s’annoncent tout à fait explosives et attractives dans le paysage politique haïtien. Des leaders redoutables, empêchés de se porter candidats par leurs propres adversaires parlementaires pour cause de décharge, pourront désormais se lancer dans la course électorale à tous les niveaux. Pour vue qu’ils ont pourvu de leur rapport d’audit favorable émis par la Cour Supérieur des Comptes et du Contentieux administratif (CSC/CA), d’après le dernier conseil du gouvernement.
Aussi, par ce juste acte, l’administration Moïse/Joseph n’a-t-elle pas évité, à ces politiciens, qui ont fortement marqué leur passage au sommet de l’administration publique, le triste sort de l’ancien grand ministre de l’agriculture, feu agronome Gérald Mathurin. Ce dernier fut décédé sans voir son rêve de devenir Sénateur de la République se concrétise. Alors qu’il jouissait d’une grande popularité dans son département natal (Sud-Est). Donc, en dépit de son intégrité incontestable et incontestée, ses adversaires politiques ont dû attendre son décès, soit 20 ans après, avant de lui accorder cette fameuse décharge qui lui aurait permis de se porter candidat.
Eh ! oui. Le Président Jovenel Moïse libère des potentiels leaders du joug des adversaires parlementaires. De ces victimes de cette grave injustice politique qui dure depuis 7 février 1991, on peut citer : des anciens Premiers ministres Michèle Duvivier Pierre-Louis, Laurent Lamothe, Enex Jean-Charles… ; des anciens ministres Yves Cristallin, Gérald Germain, Paul Denis, Ardouin Zephirin, Ronsard Saint-Cyr, Charles Jean-Jacques, Bell Angelot, Victor Benoît, Desras Simon Dieuseul, Harry Clinton, Paul Antoine Bien-Aimé, Camille Leblanc, etc.
« Décharge pleine et entière est accordée aux anciens Premiers ministres et ministres ayant servi la République, du 7 février 1991 au 7 février 2017, et ayant en leur possession un rapport d’audit favorable de leur gestion émis par la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif », peut-on lire dans un décret présidentiel publié le lundi 5 juillet 2021 dans Le Moniteur.
Si les arguments avancés par le gouvernement font croire que ce décret ne fait que restituer ces anciens grands commis de l’État dans leur droits civils et politiques ; ses opposants politiques pour la plupart, estiment que cette décision est une violation de la Constitution. Car, légalement, il incombe au Pouvoir Législatif d’accorder décharge, non à l’Exécutif. N’empêche que beaucoup de bénéficiaires de cette décision se préparent déjà à monter le terrain électoral.
Ce serait-il pour le changement et l’avancement du pays, comme pour finir avec la politique de déstabilisation et la répétition de « Pays-lòk » ?
Frantz Jean-Louis