Dans le monde des affaires, la loyauté est souvent confondue avec la naïveté. Les professionnels dévoués se donnent corps et âme au travail de leurs employeurs, souvent au détriment de leurs propres intérêts à court, moyen et long terme. Mais que récoltent-ils en retour ? Bien peu. Nos hommes d’affaires, loin de reconnaître et de récompenser cette loyauté sans faille, ne font que demander davantage, comme si étouffer les efforts de leurs employés était leur unique but. Les sacrifices consentis pour produire un travail de qualité ne sont que trop souvent ignorés, voire méprisés.
La situation devient encore plus délicate lorsqu’il s’agit de professionnels des lettres ou des idéologues – les juristes, les journalistes, et autres esprits éclairés. Leur capacité à parler, écrire, défendre, et même attaquer est perçue comme anodine. Comme si leur contribution intellectuelle n’était que le reflet de ce que veulent vendre ces hommes d’affaires, sans jamais considérer la profondeur de leurs réflexions.
La triste réalité de la corruption dans notre société est qu’elle dévalue le travail de nos intellectuels. On les considère comme des personnes prêtes à déformer la vérité pour une simple gratification financière. Leur potentiel peut parfois être réduit jusqu’à 20/100 de ce qu’il pourrait être, car l’argent domine tout. Les patrons s’éveillent à cette réalité seulement lorsque la lumière de la justice les éclaire, leur montrant que les esprits brillants sont d’une importance capitale dans la construction ou la conservation de leur richesse.
Le récent acte de corruption lors de l’élection pour la présidence du conseil présidentiel de transition entre les groupes Beaussant et Biggio en est une preuve flagrante. Il démontre à quel point les hommes d’affaires haïtiens se soucient peu de leurs collaborateurs. Tant que l’impunité règne en maître, ils continueront à dominer sans partage, reléguant nos esprits éclairés au rang de parias.
Il est grand temps que nous réévaluions l’éthique dans le monde des affaires. La loyauté ne devrait pas être exploitée ni récompensée par l’indifférence. Nos hommes d’affaires ont besoin de reconnaître la valeur des sacrifices consentis par leurs employés, et de rétablir une relation basée sur le respect mutuel et la reconnaissance du mérite. Sinon, en panne de lumière, ils finiront par sombrer sous le poids de leur arrogance.
Marc-Arthur Alix