La Cour suprême des États-Unis a validé, vendredi, la révocation du statut de protection humanitaire accordé à plus de 532 000 migrants originaires du Venezuela, de Cuba, du Nicaragua et d’Haïti. Cette décision, adoptée par sept voix contre deux, donne raison à l’administration Trump, qui avait demandé d’en finir avec ce dispositif mis en place sous l’ère Biden.
Saluée par le ministère de la Sécurité intérieure, cette mesure représente un recul majeur pour des milliers d’Haïtiens qui espéraient reconstruire leur vie loin du chaos qui ravage leur pays. Le programme leur permettait d’entrer légalement aux États-Unis grâce à un parrainage, pour fuir la violence extrême, la famine, et l’effondrement des services publics en Haïti.
La juge Ketanji Brown Jackson, qui s’est opposée à cette décision aux côtés de Sonia Sotomayor, a dénoncé dans une opinion dissidente une approche « bâclée » de la haute juridiction. Elle regrette l’absence d’exigence de preuves de dommages irréparables, tout en soulignant l’impact humain massif de cette révocation : « Le gouvernement est autorisé à perturber brutalement la vie de centaines de milliers de personnes, alors même que leurs demandes n’ont pas encore été traitées. »
Pour les Haïtiens, les conséquences sont particulièrement dramatiques. La plupart n’ont désormais que deux options : retourner dans un pays en proie à une crise sécuritaire, politique et humanitaire inédite, ou rester sans statut légal et risquer à tout moment une expulsion.
Cette décision annule un jugement antérieur d’un tribunal du Massachusetts, qui exigeait une analyse au cas par cas. Elle marque également une deuxième victoire judiciaire pour Donald Trump cette année en matière migratoire.
Dans un contexte où Haïti est au bord de l’effondrement total, cette mesure pourrait non seulement exacerber la détresse de la diaspora haïtienne, mais aussi alimenter de nouveaux flux migratoires clandestins, aux conséquences régionales imprévisibles.
Mario Jean-Pierre