Le rapport publié le mardi 9 décembre 2025 par l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) a provoqué une onde de choc au sein de l’opinion. Les conclusions de l’institution sont lourdes de conséquences pour l’ancien président Joseph Michel Martelly, dont le patrimoine aurait connu une augmentation estimée à 270 % après son passage à la tête de l’État, sans justification claire ni documentation probante.
Selon l’ULCC, Michel Martelly avait déclaré, lors de sa sortie de fonction, ne détenir que six comptes bancaires. Les investigations menées révèlent cependant l’existence de plus de dix-sept comptes, ainsi que trois cartes de crédit enregistrées à son nom et à celui de son épouse, Sophia Martelly. Ces éléments, absents de la déclaration officielle, constituent pour les enquêteurs des omissions majeures.
Le rapport met également en évidence des incohérences significatives dans les revenus déclarés. L’ancien chef de l’État indiquait percevoir un revenu annuel de 181 000 dollars américains, alors que son salaire officiel, converti en gourdes, équivaudrait à 2 207 410,70 gourdes. Par ailleurs, le revenu global de la famille Martelly est évalué à 529 000 dollars américains, sans que des pièces justificatives ne viennent établir l’origine légale de ces fonds. L’ULCC juge ces chiffres non vérifiables et incompatibles avec les données financières disponibles.
Face à ces constats, l’institution anticorruption estime qu’il existe des indices sérieux de fausse déclaration de patrimoine. En conséquence, elle recommande formellement la mise en mouvement de l’action publique contre l’ancien président, considérant que les déclarations produites ne répondent pas aux exigences de transparence imposées par la loi.
Au-delà de la personne de Michel Martelly, ce dossier pose une question centrale pour la République : celle de la reddition de comptes des anciens hauts responsables de l’État. Dans un contexte marqué par une défiance profonde envers les institutions, la suite judiciaire réservée à ce rapport sera observée comme un test majeur de la volonté des autorités à lutter réellement contre la corruption et l’impunité.
Frantz Jean-Louis

