Avec le récent règlement de la dette PetroCaribe de 2,2 milliards de dollars envers le Venezuela, annoncé par la ministre de l’Économie et des Finances, Ketleen Florestal, les politiciens haïtiens doivent maintenant réévaluer leur stratégie vis-à-vis de l’opinion publique. Cette dette a été acquittée grâce à un versement de 500 millions de dollars effectué par le Premier ministre de l’époque, Ariel Henry, tandis que le Venezuela a abandonné les 1,2 milliard de dollars restants.
L’ère des discours enflammés visant à discréditer les adversaires politiques par des accusations de corruption et de mauvaise gestion des fonds PetroCaribe semble toucher à sa fin. Bien que des irrégularités aient été constatées dans la gestion de ces fonds, il est indéniable que certains projets concrets ont émergé grâce à ce programme. On peut citer la construction et la rénovation d’édifices publics, des hôpitaux, de terrains de jeux, d’écoles, ainsi que la réhabilitation des lycées Pétion et Toussaint Louverture. Ces réalisations, souvent éclipsées par les scandales, témoignent de l’impact réel des fonds PetroCaribe sur certaines infrastructures du pays.
Cependant, la gestion des fonds a également été marquée par des firmes privées peu fiables, des projets inachevés et des suspicions de détournement de ressources. Plus gravement, la manipulation politique de cette affaire a eu des conséquences dévastatrices. Les critiques incessantes sur la gestion des fonds PetroCaribe ont joué un rôle fondamental dans le dénigrement moral du président Jovenel Moïse, contribuant ainsi à sa déstabilisation avant son assassinat physique en juillet 2021. Les accusations portées contre lui ont alimenté une campagne visant à l’exclure du pouvoir et ont poussé les États-Unis et le Canada à sanctionner d’anciens dirigeants haïtiens sous prétexte de dilapidation des fonds PetroCaribe.
Aujourd’hui, avec l’effacement total de cette dette grâce à l’accord tripartite entre Haïti, le Venezuela et les États-Unis, une nouvelle dynamique s’impose. Il ne suffit plus de se reposer sur des accusations infondées ou de nourrir des rumeurs. Les leaders doivent désormais prouver leur capacité à convaincre positivement la population. Les manipulations d’opinion, les fausses accusations et la stigmatisation ne suffiront plus pour accéder au pouvoir.
Le véritable défi est de regagner la confiance d’une population fatiguée par des années de vendetta politique. Les aspirants dirigeants doivent proposer des solutions concrètes aux problèmes économiques et sociaux du pays, en veillant à ce que les ressources disponibles, tant nationales qu’internationales, soient utilisées de manière transparente et bénéfique pour tous. Il est temps de mettre fin aux manœuvres politiciennes et d’entamer une véritable transformation de la vie politique.
Jean-Samson Étienne