Une enquête publiée dans le Miami Herald par la journaliste américaine d’origine haïtienne Jacqueline Charles remet sérieusement en question la logique des sanctions imposées par les États-Unis et le Canada contre plusieurs personnalités des élites politiques et économiques haïtiennes, dont l’ancien Premier ministre Laurent Lamothe (2012-2014). Ce travail d’investigation rigoureux et accablant révèle que les véritables sources de financement des gangs sont bien connues, mais largement ignorées par les chancelleries occidentales.
Lauréate à deux reprises du prix de « journaliste américaine de l’année » décerné par la National Association of Black Journalists (NABJ) en 2010 et 2022, Jacqueline Charles affirme que les gangs haïtiens « amassent plus de 100 millions de dollars par an grâce à l’extorsion dans les secteurs du pétrole et des ports », leur conférant ainsi « une puissance financière supérieure à celle de la Police nationale ». Elle ajoute : « Alors que les gangs consolidaient leur emprise économique, Blinken, Trudeau et leurs alliés détournaient l’attention avec un narratif erroné, ciblant des figures politiques sans preuves solides. »
En réaction à cette publication, Laurent Lamothe a reposté l’article sur son compte X (anciennement Twitter) le lundi 19 mai 2025, déclarant :
> « This new report by @Jacquiecharles reveals Haiti’s gangs rake in $100M/year—fueling chaos through oil and port extortion. Yet Blinken, Trudeau & their puppets ignored the money trail and falsely targeted former political leaders with bogus accusations! #fake #lies »
L’ancien chef du gouvernement, qui a toujours nié toute implication dans le financement de groupes armés, estime que les accusations portées contre lui sont non seulement infondées, mais qu’elles détournent l’attention de la véritable problématique : le financement structurel des gangs à travers des circuits économiques parallèles, souvent tolérés ou négligés.
À ce jour, malgré les démarches judiciaires entreprises à l’international pour contester les sanctions, aucune preuve publique n’a été présentée par les autorités canadiennes ou américaines à l’encontre de celui qui avait adopté une politique de « tolérance zéro » contre les gangs durant son mandat.
Entrepreneur et réformateur reconnu sur la scène internationale, Lamothe avait initié plusieurs programmes sociaux et sécuritaires ayant permis, selon ses partisans, de préserver une certaine stabilité dans un contexte national déjà fragile. Pour de nombreux observateurs, ces sanctions jugées arbitraires risquent de nuire aux efforts de reconstruction du pays, et pourraient, par effet domino, aggraver davantage la crise sécuritaire actuelle.
Mario Jean-Pierre