(20 juillet 2021-20 juillet 2022), un an jour pour jour depuis que le Premier ministre Ariel Henry prend les rênes du gouvernement. Le PM a été choisi par le président Jovenel Moïse juste avant son assassinat crapuleux le 7 juillet 2021. Il avait comme feuille de route : rétablir la sécurité, créer un climat politique propice en vue d’organiser les élections générales et réaliser le référendum dans le pays.
S’il est vrai que le Chef du gouvernement arrive à apprivoiser des opposants farouches au Président Jovenel Moïse dont Nenel Cassy, Marjorie Michel, Jean-Charles Moise, André Michel et consorts, son bilan pour son premier anniversaire à la tête du gouvernement est accablant à tous les points de vue. Ce n’est pas la Communauté internationale qui l’avait imposé au pouvoir et qui le supporte encore malgré tout qui prouvera le contraire. Car le pays devient comme un bateau sans gouvernail. Il vogue constamment au gré des tempêtes et des vagues orageuses depuis l’assassinat barbare du 58e Président de la République. Ces quatre points qui se succèdent suffisent amplement à l’expliquer.
1- Justice : Soupçonné dans l’assassinat du Président Jovenel Moïse selon l’enquête des autorités judiciaires, le Premier ministre Ariel Henry n’a rien fait pour faire avancer l’enquête et prouver son innocence. Bien au contraire, il a tout bonnement révoqué au sein de son gouvernement, les trois fers de lance dans la quête de justice pour le Président assassiné à savoir : Me Rockfeller Vincent Dr Claude Joseph et Me Bed-Ford Claude, respectivement ministre de la Justice, ministre des Affaires étrangères et commissaire du gouvernement de Port-au-Prince. Les cinq juges qui se sont succédé sur ce dossier se plaignent tous du même problème pour mener à bien l’enquête : les moyens que le gouvernement ne fournit pas pour mener à bien l’enquête. Pas un suspect recherché n’est arrêté sous le gouvernement d’Ariel Henry. La justice devient bancale au point que le gang de Village de Dieu arrive à prendre d’assaut le bâtiment où logeait le Palais de Justice de Port-au-Prince et en prend le contrôle depuis le 10 juin dernier.
2- Politique : Un an déjà, nonobstant l’alliance entre PHTK, Fusion, SDP pour le partage du pouvoir, le gouvernement d’Ariel Henry tourne encore autour du pot à l’idée de dégager un véritable consensus entre les acteurs politiques pour organiser les élections et remettre le pays sur les rails démocratiques. Le dialogue que prône le gouvernement se révèle un pur dilatoire visant à maintenir Ariel Henry au Pouvoir pour 2, 3 ou 4 ans encore qui sait. À preuve, le Premier ministre a mis à pied les membres du Conseil électoral provisoire chargés d’organiser les élections et le référendum. D’où, personne ne sait, sinon sauf ceux qui sucent la mamelle de la transition, pour combien de temps Ariel Henry est encore à la Primature.
3- Sécurité : Jamais le pays n’a été aussi gangsterisé. Jamais le phénomène de l’insécurité n’a été si inarrêtable. Jamais le kidnapping n’a connu une telle ampleur. Cette première année du Premier ministre Ariel Henry au pouvoir est comme une descente aux enfers des Haïtiens en ce qui concerne particulièrement la sécurité. La zone métropolitaine de Port-au-Prince, le centre économique du pays, est prise en otage par des gangs. On pourrait dire, sans risque de se tromper, que c’est l’année de tous les records en matière de criminalité des gangs en Haïti. À Cité-Soleil, la guerre des gangs entre G-9 et G-pèp a récemment causé plus de deux cents morts et trois cents blessés par balles en moins d’une semaine. Pour la première fois, des bandits ont pris d’assaut un Palais de justice de la République et en font leur base. On ne compte plus combien de cas de kidnapping enregistré sous le gouvernement d’Ariel Henry. Les gangs pullulent comme des champignons. En conséquence, nos plus grands axes routiers sont sous l’emprise des gangs à Martissant, Cité-Soleil, Croix-des-Bouquets, Tabarre. Les automobilistes en sont sortis souvent victimes en empruntant ces voies-là.
2- Économie :
Vous dites économie ? Vous dites effondrement. En fait, parler de l’économie pendant cette première année de la gouvernance d’Ariel Henry, c’est tout simplement parler de l’effondrement de l’économie haïtienne. Bien que le contexte international avec cette guerre Russo-Ukrainienne n’est pas sans conséquence sur cette situation, mais rien de bon ne profile à l’horizon. La gourde ne cesse de dégringoler par rapport au dollar. Le pouvoir d’achat de la population diminue considérablement. Le prix des produits de base continue d’augmenter. Aucun effort n’est fait concrètement pour attirer les investissements. En dépit de tout cela, les soupçons de corruption sont de plus en plus pesés sur des membres de ce gouvernement. Le dernier cas qui fait scandale est celui du ministre de l’Intérieur Litz Quitel. Avec cette affaire de lots de chèques contenant de millions de gourdes attribués à des organisations bidons.
Jean-Samson Etienne