Depuis le lundi 23 septembre 2024, les employés syndiqués de la Direction Générale des Impôts (DGI) ont entamé une grève illimitée dans tous les bureaux à travers le pays. Ils réclament de meilleures conditions de travail et des ajustements salariaux pour faire face à la hausse du coût de la vie en raison de l’inflation. Si pour certains, cette mobilisation est malvenue en cette période de clôture de l’exercice fiscal – un moment crucial pour la collecte des fonds publics –, d’autres estiment qu’il s’agit d’une opportunité idéale pour faire pression sur un gouvernement perçu comme indifférent aux revendications des travailleurs.
Cependant, des rumeurs circulent selon lesquelles la véritable motivation derrière ce mouvement serait d’évincer le directeur général actuel, Emmanuel Casséus, au profit d’un cadre de l’institution. Selon certaines sources, cette grève coïncide avec la volonté du gouvernement de Garry Conille et du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) de remplacer les directeurs généraux. Le syndicat aurait donc anticipé ces changements en déclenchant la grève pour imposer leur propre candidat à la tête de la DGI.
En outre, la rigueur d’Emmanuel Casséus dans la lutte contre la corruption serait également un facteur clé dans la contestation. Sous sa direction, les pratiques de collusion entre certains employés et des « raketè » opérant aux alentours des bureaux de la DGI ont fortement diminué. De même, les services rendus moyennant des pots-de-vin sont sévèrement réprimés, ce qui aurait créé un climat de frustration parmi certains employés. Par ailleurs, des acteurs économiques influents, mécontents des mesures fiscales de l’administration Casséus, pourraient aussi être à l’origine de ce mouvement.
Les revendications des grévistes incluent l’augmentation du salaire minimum à 100 000 gourdes, la mise en place d’une assurance santé de qualité, des primes trimestrielles de 100 000 gourdes, et des subventions pour des événements tels que la rentrée scolaire, la fête des Mères et des Pères, ainsi que la fête de Noël. Cependant, le point central et non négociable de leurs demandes reste la révocation d’Emmanuel Casséus. Tous les autres points seraient ouverts à discussion, mais le syndicat insiste sur le départ immédiat du directeur général.
Malgré l’ampleur de la grève, qui paralyse les services de la DGI dans tout le pays, aucune tentative de négociation n’a encore été amorcée entre les autorités et les grévistes. Pendant ce temps, les contribuables, particulièrement ceux concernés par la demande de passeports, se retrouvent dans une situation délicate. Avec la déportation massive des Haïtiens de la République Dominicaine, de nombreuses personnes dont le passeport est expiré se retrouvent dans l’incapacité d’obtenir ce document essentiel en raison de la paralysie des services de la DGI.
En somme, cette grève soulève des questions sur les véritables enjeux en jeu : est-ce une mobilisation légitime pour de meilleures conditions de travail ou une manipulation voilée pour aboutir au remplacement du directeur général actuel en vue de satisfaire l’ intérêt personnel d’ un petit groupe ?
Frantz Jean-Louis