Cette guerre sanglante des gangs ne saurait profiter aux démocrates qui ne demandent au Premier ministre Ariel Henry que les conditions nécessaires en vue de la tenue des élections dans le pays au plus vite. Encore moins aux leaders progressistes qui ne cessent de se battre pour que Haïti tienne sa place sur la carte touristique mondiale. En d’autres termes, pour qu’il y ait la sécurité, la stabilité politique, l’investissement, la création d’emplois, le développement, la justice sociale…
Cette montée en puissance des gangs sur le territoire national au cours du quinquennat du feu Président Jovenel Moïse, suit le rythme de la radicalisation des acteurs politiques de l’ancienne et une frange de l’actuelle opposition, selon plusieurs observateurs. De ce fait, loin d’être une bataille pré-électorale, l’affrontement sanglant entre G9 et GPEP n’est-il pas en étroite relation avec des alliés d’hier qui se rivalisent pour le contrôle du gouvernement de transition aujourd’hui ?
Le Premier ministre Ariel Henry et ses alliés SDP, PHTK, Inité, Fusion, UNIFOS, MTV-Haïti, Pitit Dessalines et consorts ne manifestent concrètement aucun intérêt à résoudre le problème de l’insécurité puisqu’ils veulent garder le pouvoir le plus longtemps que possible. Aussi s’inscrivent-ils dans un dynamisme de « faire semblant« . L’ autre groupe (AAA, OPL, EN Avant, Matrice Libération, Fanmi Lavalas et compagnies … ), qui entend renverser et remplacer Ariel Henry, se complaît dans le pourrissement du climat sécuritaire en vue d’atteindre son objectif.
Or, à bien analyser les foyers de gangs, il paraît que chacun de ces groupes a les moyens de sa politique pour imposer sa volonté ou envenimer le climat sécuritaire. Car de chaque commune, circonscription, département, où les gangs imposent leur loi, vient au moins un ancien parlementaire ou maire de ces deux groupes qui étaient en opposition farouche avec la présidence de Jovenel Moïse et qui se disputent maintenant pour maintenir ou conquérir le pouvoir. Serait-ce une coïncidence ou une stratégie politique ?
Le fameux gang « 400 Mawozo » de la Croix-des-Bouquets a pris son galon pendant que Rony Colin de radio Zénith ou Mille Collines a été maire de cette commune ; À Martissant (troisième circonscription de Port-au-Prince) quand brille le Gang « 5 Seconde » c’est le député Printemps Belizaire et le maire Youry Chevry qui ont été élus ; au Bel-Air et Lassaline (Première circonscription de Port-au-Prince) on retrouve le député lavalas Roger Millien et le maire Youry Chevry ; Pétion-Ville s’illustre dans des actes d’insécurité après l’élection de l’ancien député Jerry Tardieu et l’ancien sénateur Antonio Cheramy ; à l’Arcahaie où le défunt président Jovenel Moïse a été l’objet d’une première tentative d’assassinat, c’était Rosemilla Petit-Frère qui a été élue maire ; Gonaïves et quelque zone rouge du département de l’Artibonite à pris cette extension vers la violence pendant que l’ancien sénateur Youri Latortue domine ( élu premier sénateur deux fois de suite).
Les forces de l’ordre peuvent tout essayer pour libérer la population du joug des gangs, mais ils n’y parviendront jamais sans une volonté réelle de ces acteurs politiques qui ne cessent de jouer au malin. La communauté internationale ne comprend rien de cette politique à l’Haïtienne. Il revient à la population de se réveiller et prendre son destin en main en vue de se soulever contre ces vampirs . La guerre des gangs ne doit pas être profitable à ses auteurs intellectuels.
Jean Samson Etienne