La convocation imminente des trois conseillers-présidents par le juge d’instruction soulève de nombreuses interrogations. Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles, impliqués dans un scandale de corruption présumé, devront comparaître devant la justice. La première convocation est prévue pour le 5 décembre 2024, suivie de celles de Vertilaire et Gilles, respectivement les 10 et 9 décembre. Ces convocations, à la suite de l’enquête de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), pourraient marquer un tournant décisif dans cette affaire.
À un moment où ces trois hauts responsables de la présidence sont accusés d’avoir sollicité des pots-de-vin pour maintenir le directeur général de la Banque Nationale de Crédit (BNC) à son poste, un sentiment de scepticisme grandit quant à l’issue de l’affaire. La question reste ouverte : la justice haïtienne ira-t-elle jusqu’au bout ou cette convocation ne sera-t-elle qu’un simple écran de fumée ? Les accusés pourraient-ils se soustraire à la justice en invoquant leur immunité présidentielle ?
L’enquête de l’ULCC a déjà révélé des éléments accablants. Selon leur rapport, les trois conseillers auraient exigé une somme colossale de 100 millions de gourdes de Raoul Pascal Pierre-Louis, ancien président du Conseil d’administration de la BNC, pour lui permettre de conserver son poste. Cette demande aurait eu lieu lors de réunions secrètes, en présence de Lonick Léandre, consul d’Haïti à Santiago. L’ULCC réclame des poursuites contre M. Pierre-Louis pour entrave à la justice et corruption active, ainsi que contre Léandre pour son rôle d’instigateur dans cette affaire.
Malgré les preuves fournies, des doutes persistent quant à la capacité de la justice à résister à la pression exercée par ces hauts dignitaires. L’histoire de la corruption en Haïti est en effet jalonnée de scandales où des responsables politiques ont échappé à la justice. La grande question qui se pose est de savoir si cette affaire sera réellement traitée en toute transparence ou si elle sera une nouvelle fois classée en raison de l’influence des accusés.
La justice haïtienne se trouve à un carrefour. Une mauvaise décision du juge d’instruction pourrait non seulement entacher l’image de la présidence, mais aussi celle de l’État tout entier. La question essentielle demeure : face à ces puissants dignitaires, la justice saura-t-elle imposer son autorité ou permettra-t-elle une nouvelle fois à la corruption de prospérer sans entraves ?
Marc-Athur J. François