L’ancien sénateur de la République, Youri Latortue n’est pas du tout au bout de sa peine. Comme un animal traqué, l’homme fort de l’Artibonite semble loin de trouver un endroit par où sortir. Après le rapport accablant des États-Unis l’accusant d’avoir «profité de leur position officielle pour opérer un trafic de stupéfiants et collaborer avec des réseaux criminels en vue d’affaiblir l’état de droit en Haïti», et repris similairement par le Canada, l’élu de l’Artibonite est pris dans une enquête de l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) ordonnant la mise en mouvement de l’action publique contre l’ancien parlementaire pour prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics. Une accusation qu’il qualifie de matraquage politique.
Selon le rapport final de l’enquête de cette institution étatique, le politicien a engagé sa mère Carmen Immacula Cantave âgée de 81 ans comme coordinatrice de son bureau. Le montant du contrat signé était élevé au prix de 350 000 gourdes par mois. « Un salaire deux fois supérieur à celui d’un Sénateur », a fait remarquer l’ULCC. D’après les données disponibles, 121. 200 gourdes est les émoluments mensuels accordés à un Sénateur.
Élu président du Sénat de la République, Youri Latortue a engagé sa mère pour une période allant d’octobre 2017 à janvier 2018. Dans cet intervalle, 9 chèques ont été émis à son bénéfice. Selon le rapport de l’ULCC, 8 des 9 chèques ont été déposés sur le compte personnel de Youry Latortue, l’autre sur le compte bancaire de National Sécurité, une société dont il est son directeur général.
Youri Latortue présidait le Sénat de la République lors de la signature et l’exécution de ce contrat. Or, d’après les règlements, ce dernier doit veiller à la sauvegarde des intérêts de l’institution dont la régularité dans les contrats signés. Ce qui n’a pas été fait. De plus l’âge (80 ans) et le profil professionnel de sa mère (infirmière retraitée) ne lui auraient pas permis d’exécuter cette fonction.
L’Etat haïtien a pris en charge 4 voyages à l’étranger et 7 autres à travers les différentes villes de province pour Immacula Cantave. Des per diem totalisant un million soixante six milles sept gourdes ont été octroyés. D’après l’ULCC, pourtant, c’est depuis le 9 mai 2014 que Mme Cantave a effectué son dernier voyage à l’etranger, d’après les révélations de l’ULCC.
En réaction, dans un point de presse donné hier jeudi 9 mars, l’ancien président de la commission d’éthique du Sénat de la République, s’empresse de crier au matraquage politique. Toutefois, il n’arrive pas à démentir la fonction de sa mère octogénaire comme coordonnatrice de son bureau. Ce qui est vu comme un népotisme aux yeux de la loi.
Jean-Samson Étienne