La crise multidimensionnelle et inédite dans laquelle s’enlise actuellement le pays oblige même les plus réticents à sortir de leur mutisme pour proposer une solution. Pourtant, des anciens chefs d’État se murent dans un silence persistant alors que la terreur des gangs a atteint son paroxysme. Car, comme bon leur semble, ces malfrats kidnappent, tuent, volent et violent. Ajoutez à cela, le doublement du prix du carburant par le gouvernement a provoqué la paralysie quasi-totale de toutes les activités depuis tantôt trois semaines, dans un pays où le coût des produits ne cesse de grimper . N’en parlons pas de cette crise politique où les acteurs peinent à trouver un terrain d’accord en vue de créer les conditions nécessaires à la réalisation des prochaines élections. Dans la foulée, Valerie Guarnieri, Directrice adjointe du Programme alimentaire mondial (PAM) a alerté la Communauté internationale sur une catastrophe humanitaire imminente en Haïti avec un record de 4,5 millions de personnes en niveau d’insécurité alimentaire de crise ou pire, dont 1,3 million en situation d’urgence ». Ainsi, plusieurs observateurs émettent-ils de pertinentes interrogations sur le silence persistant des anciens dirigeants de l’État et portent des accusations.
« Où sont passés les anciens présidents Michel Martelly, Jean-Bertrand Aristide et Jocelerme Privert ? Pourquoi ils n’ont jamais pipé mot en dépit de cette situation dramatique que traverse le pays ? En sont-ils complices ou attendent-ils le pire en vue de revenir au pouvoir ?… », se demande un étudiant finissant de l’Université d’Etat d’Haïti, (UEH) avant de conclure : » Selon l’ancien sénateur Moïse Jean-Charles, le Directeur général de la Police nationale, Frantz Elbe a été recommandé au Premier ministre Ariel Henry par les anciens président Jocelerme Privert et sénateur Nenel Cassy. Cela sous-entend que Mr Privert entend prendre le contrôle de la sécurité du pays pour sa probable candidature à la présidence lors des prochaines élections. Aussi, n’est-il pas probable qu’ils sont du côté de ceux qui enveniment le climat sécuritaire du pays pour venir se présenter en sauveur face aux électeurs. Il lui serait facile de chanter quand j’ai été au pouvoir la situaaation…, la populaaaation…, la Poliiiiiice…, et patati, patata.
De son côté, Jean-Claude Germain ne tourne pas autour du pot pour pointer du doigt l’ancien Président Michel Martelly comme l’un des auteurs intellectuels de cette crise. » La démolition de l’Etat que nous sommes entrain d’assister ne m’étonne nullement. C’est l’œuvre de Michel Martelly et ses petites bandes d’oligarques criminels et des politiciens corrompus. Ils créent l’insécurité pour se perpétuer au pouvoir par le biais de son Premier ministre Ariel Henry et empêcher la justice de faire la lumière autour de l’assassinat du Président Jovenel Moïse dont il serait l’un des auteurs intellectuels », a-t-il déclaré. « Ils sont devenus cyniques et psychopathes. Ils s’en foutent, si les gangs nous tuent chaque jour. Ils s’en foutent, si la classe moyenne disparaît. Ils s’en foutent, si les hôpitaux ne fonctionnent pas ». Ce qui les intéresse c’est purger les maigres ressources de l’État à leur profit et rendre la justice dysfonctionnelle », croit Mr Germain. « Pourquoi Martelly n’a jamais dénoncé les actes de kidnapping ? Pourquoi n’a-t-il jamais proposé une solution ? Pourquoi reste-t-il si tranquille face à la descente aux enfers de la population ? », s’interroge-t-il.
Quant à Éléna Jean-Baptiste, elle s’en prend à l’ancien Président Jean-Bertrand Aristide pour avoir démobilisé les Forces armées d’Haïti (FAD’H) et armée des jeunes des quartiers populaires pour asseoir son pouvoir. « Moi, je ne regarde pas le phénomène de l’insécurité qui gangrène le pays à la surface. C’est pourquoi, je rends responsable l’ancien président Jean-Bertrand Aristide. C’est lui qui a démobilisé la FAD’H et distribué des armes aux jeunes des quartiers populaires tels que Bel-Air, Fort-National, La Saline, la commune de Cité-Soleil… en vue d’étendre son hégémonie » a-t-elle soutenu. « Aujourd’hui, la situation est certes empirée avec la concurrence criminelle de certains éléments de l’élite économique et politique, mais l’ancien prêtre de Saint-Jean Bosco aurait dû faire son mea culpa et présenter ses excuses à la Nation. C’est lui qui nous a foutus dans cette galère. Il a transféré le monopole de la violence de l’Etat aux « chimères » », avance-t-elle. « Pourquoi reste-t-il sourd-muet face au cri de détresse de la population ? Parce que tout simplement la situation lui plaît. Il a travaillé pour en arriver là » a conclu Éléna Jean-Baptiste.
Jean-Samson Étienne