L’Analyste politique Ricardo Germain, lors d’une interview avec le Commentateur Politique Exon Ophin, a présenté un panorama de la conjoncture sociopolitique haïtienne. Par le biais de cette entrevue, il a aussi fait le point sur l’affaire des 7 mercenaires qui se transforme de plus en plus en sujet tabou. À cet effet, la rédaction de Le Médiateur propose à ses lecteurs et lectrices de savourer l’intégralité de l’entrevue :
1- D’une manière ou d’une autre, vous avez vécu les derniers événements issus de l’opération « Lock Peyi ». Quelles sont, selon vous, les causes fondamentales de ce soulèvement général observé ces derniers temps?
– Ricardo Germain : Il serait de mauvaise foi de taxer le Gouvernement comme unique responsable de ce qui est arrivé, et qui arrive encore au pays, durant ces derniers jours. La bourgeoisie a aussi sa part de responsabilité, qui croyez-le ou non est immense. Sinon comment comprendre les multiples déclarations de ces deux manitous, dont l’un se propose comme étant une troisième voie, sur les réseaux sociaux et dans les médias? Cette appréhension me fera dire que le phénomène « Pays Lock », ou pour mieux dire « Villes mortes », en dehors de son caractère de guerre psychologique, a pour résultante la distorsion sociale ainsi que la disparité économique qui viennent s’ajouter à la lutte pour le pouvoir, et, pourquoi pas, au combat pour le contrôle de certains gros marchés ou contrats. Le mouvement PetroChallenger joue aussi un rôle prépondérant dans la mesure où il a laissé le stade de revendication 2.0, pour devenir un élément déclencheur des manifestations, et par conséquent un point d’appui pour toute personne qui vise à renverser soit le régime, soit le système. Les tentatives charriées par les évènements allant du 7 au 9 juillet, malgré son caractère violent hors-série, n’ont pas eu autant de résonnance. Cela n’a jamais été, pour terminer, un soulèvement. Le mot est trop faible. C’est le lambeau social qui se consume à petit feu, ce, avant le grand brasier à défaut de trouver une concorde.
2- 13 Février 2019, une journée marquée par une grande mobilisation à travers le pays, frustrée, une bonne partie de la population a regagnée les rues, accompagnée des bandits, dit-on, recherchés par la Police tout en criant haut et fort. « Vive Anel », « Aba Jovenel ». Quelle est votre lecture de cette situation?
– R.G : Ce phénomène n’est pas une nouveauté et ne devrait provoquer aucunes hallucinations. Ce n’est même pas étonnant quoiqu’aujourd’hui à son point culminant. En 1993 c’était pareil contre le retour d’Aristide. En 2003 encore pareil que ce soit à Port-au-Prince et aux Gonaïves pour le départ d’Aristide. Et en 2005 toujours pareil avec ceux qui cette fois voulaient le retour d’Aristide. Je ne chercherais pas à savoir le motif derrière le cas actuel. Mais une chose est sûre, la PNH à moins de provoquer un carnage, ne pouvait rien faire pour venir à bout de cette supposée anomalie. Rien ne dit d’ailleurs si ce n’est pas toujours ainsi quand il est impossible de fouiller tous les participants à une manifestation, et, quand scander vive X et Aba Y ne garantit pas que X ne soit pas une copie conforme de Y.
3- Comment comprenez-vous les mesures annoncées par le PM?
– R.G : Ce sont quelques-unes des projections et non encore des dispositions s’il faut nous tenir à l’analyse grammaticale du discours prononcé par le Premier ministre. Prenons par exemple ces bribes de phrases : « Nou pral mete kanpe e rann fonksyonèl tout bon vre Konsèy Administrasyon ki nan tèt òganis otonòm leta yo… », « Nou pral chita ak patnè entènasyonal yo, ak BRH, APB, konpayi asirans yo pou refè FDI… »; et remarquez bien le prédicat (!), il est projeté ainsi: Nou pral. Lequel en français prend le sens de « nous allons faire » et non « nous venons de faire ». Cependant, c’est normal. Des mesures pour changer le fonctionnement de la machine étatique ne peuvent être prises à la va vite. Ce qui explique que le Premier ministre est venu de préférence avec des palliatifs. La population avait besoin d’entendre quelques choses de concret, et elle l’a entendu. Quitte à ce que maintenant ces dites mesures ne correspondent pas à ses attentes. Et vu que de l’urgence économique, nous sommes passés à une urgence humanitaire et à ce qu’on pourrait qualifier d’une urgence structurelle, mille autres dispositions superficielles ne sauront être suffisantes.
4- Comment voyez-vous le processus de dialogue initié par le président de la République?
-R.G : Il faut tout d’abord une chose, une seule chose avant même de lancer le processus de dialogue. Il nous faut une trêve, et ceci du côté des deux camps. J’emprunterais une citation de Indira Ghandi pour dire qu’on ne peut pas se serrer les mains quand on se serre les poings. Et le président, comme son prédécesseur, persiste dans cette erreur qui consiste d’une part à polémiquer, et d’autre part à insulter les membres de l’opposition en proposant en tandem un dialogue. Comment peut-on effectivement dialoguer avec des personnes que l’on prend le soin de traiter de trafiquants de drogue, et que l’on reproche d’avoir passé plus de trente ans, alors que c’est faux, au pouvoir sans rien réaliser de bon?
L’autre camp est tout aussi hypocrite à sa façon. Tantôt il recherche le dialogue, tantôt il le boude et fait appel à la sédition. L’opposition en d’autres termes a toujours voulu dialoguer quand ça lui plaît. C’était ainsi sous Aristide en 2003. Le cri « Antann pou’n atann nou » lancé par celui-ci a été un cri de muet dans les tympans de ceux qui se réclamaient de la Convergence Démocratique. Quand ça ne lui plaît pas, elle redonne à ceux qui se retrouvent aux timons des affaires leur épithète de criminels, ou encore, leur attribut d’inculpés en ce qui concerne la situation actuelle. Dialogue et Renversement/Changement de système et Procès sillonnent en même temps le tableau. La Commission de facilitation et les Etats généraux sectoriels dans cette condition et sans cette trêve n’aboutiront absolument à rien.
5- L’opposition lançait une trêve et avait annoncé aussi les couleurs pour le weekend précédent, pensez-vous que c’est un signe de faiblesse ou une stratégie pour reprendre de la force ?
– R.G : C’est à la fois une faiblesse et aussi une stratégie. Souvenez-vous que les 1er et 2 janvier 2004, il n’y avait aucune trêve. La classe politique haïtienne n’est pas réputée pour être généreux dans des batailles pour accéder au pouvoir. Ceci remonte jusqu’à 1807. Pétion et Christophe avaient pris une trêve qu’après avoir rendu compte qu’ils étaient politiquement à force égale.
Cette faiblesse dont je parle est palpable au point où le Premier ministre Céant n’a cessé de parler d’une opposition plurielle. Si c’est pluriel, ce n’est pas unie, et si ce n’est pas unie c’est faible peu importe la violence que cela peut entraîner. Et remarquez bien, au lieu d’une seule et grande manifestation, on a pu constater sept manifestations ayant chacune un groupuscule de leaders dont les uns s’empressent d’arriver devant le Palais National avant les autres. Cette situation qui a vu quelques Sénateurs émergés, a suscité le recul de certains PetroChallengers qui ne veulent pas s’associer à des politiciens, encore moins à des personnes, j’ai dit personnes et non bandits, recherchées par la Police. C’est aussi une stratégie dans la mesure où on doit prendre un répit pour mieux relancer des assauts. J’avais spécifié que l’opération « Pays Lock », permettez-moi le terme militaire, est semblable à une stratégie de guerre psychologique. L’opposition en annonçant les couleurs comme tu as dit l’a prouvé bel et bien. Elle a donc réalisé un coup de maître. Les rues ne sont plus barricadées, pourtant la peur est encore là. Les gens avaient éprouvé comme une timidité de sortir malgré l’assurance donnée par les autorités. Et Dieu seul pourra leur faire croire que ce sont les américains qui détiennent ce pouvoir de renverser ici un président. Himmler Rébu, défunts Philippe Biamby et Léonce Qualo ont connu la prison en 1989 pour en avoir pensé autrement.
Alors, il ne se fait aucun doute que l’opposition est divisée, affaiblie, et recherche de nouvelles stratégies pour son renforcement. Mais il en est de même pour le Pouvoir qui va devoir faire de large concession quoiqu’il détienne un support considérable du Core Group.
6- Face à cette situation inquiétante, que pouvez-vous dire sur l’avenir politique d’Haïti dans les 3 à 5 prochaines années?
– R.G : Je peux réaffirmer que la Révolution n’est pas pour bientôt, et que rien aussi cependant ne sera comme avant. Remarquez que l’on parle déjà de l’émergence d’une troisième voie. Je suis au courant qu’il y a des jeunes cracks dans cette structure en gestation tout comme c’en est le cas pour AyitiNouVleA qui voile à peine ses ambitions. Fanmi Lavalas, à l’instar du regroupement des duvalieristes et du PHTK, cherchera aussi à se rajeunir. Son avenir en dépend s’il faut considérer les usages politiques de la théorie des élites de Wilfredo Pareto. C’est donc pour cela que j’affirme que la bataille dans les prochaines années sera d’ordre générationnel et non intergénérationnel. Elle l’est déjà pour tout dire. Pendant quand le mouvement PetroChallenger en tant que catalyseur s’est dénaturé en un affrontement entre des jeunes éléments de la classe moyenne (Anticonformisme/Frustré/Révolté Versus Zuzu/M’as-tu-vu/Partisans de Kite Peyi’m Mache) ; force est de constater que tous les PetroChallengers ne sont pas membres de NouPapDòmi. Certains font partie du Mouvement Enveloppe Jaune et de la structure Jeunesse Unie, qui elle-même n’est pas encore consolidée. Aussi on entend parler de « Ayiti 2054 » qui au fait est le toquet qui précède la charge. D’autres organisations les unes beaucoup plus redoutables que les autres ont vu le jour, verront le jour et gagneront en puissance de jour en jour. Le mouvement « Jenès ou se Baton Vyeyès ou » est en ce sens le premier à tracer la voie, et ceci bien avant cette conjoncture qui prévaut actuellement. L’unification sera certainement difficile à réaliser, et ce, pour une triple raison. Primo: les jeunes ont cette tendance à agir, péjorativement parlant, en clan. Deuxio: Tout aussi faux, arrivistes et hypocrites que les anciens, ils ont fini par créer eux-mêmes, en raison de certaines affinités et pour quelques avantages, des intouchables pour reprendre le terme utilisé par l’économiste haïtien Anderson Tibeaud. Sont intouchables plusieurs artistes et propriétaires de médias. Tercio: Les jeunes pour la plupart sont à la recherche du profit, et ne voient que leur petite personne. Peut-être que ces constats préexistaient depuis fort longtemps. Car voyez-vous, le mouvement « Jeune Haïti » avait été entraîné, armé et financé par la CIA; et Louis Drouin dans sa déposition avant de mourir avait pris le soin de déclarer : « j’ai fini par me rendre compte que le mal n’est ni dans une personne, ni dans un groupe. Le mal est dans l’haïtien à proprement parler ; j’en suis dégoûté ». Cela sous-entend qu’il y a des jeunes qui dans ce pays sont totalement réactionnaires, des jeunes qui cherchent, comme j’aime le répéter, à avoir une place dans l’eau plutôt qu’à éradiquer le soleil.
7- Dans votre mémo, vous avez mentionné que jamais cette crise que traverse Haïti n’a jamais été si complexe et décisive, veuillez nous expliquer pourquoi ?
– R.G : Il existe une conception gramscienne de la crise qui est à peu près la suivante : « l’ancien se meurt, le nouveau tarde à apparaître, et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ». On pourrait dire que l’ancien monde en ce qui nous concerne a disparu avec la perte de St-Domingue, et qu’Haïti qui devrait en être le nouveau peine à aboutir. Et mettant de côté : I) La vérification des titres de propriétés qui a débouché sur la mort de Dessalines, et qui a entraîné la scission du pays en deux, et même en trois pendant un laps de temps avec Rigaud dans le Sud. II) Le mouvement de Praslin qui en 1843 nous, a vu perdre définitivement le contrôle de la partie orientale de l’île, et qui a donné naissance à ce que nous appelons tous la politique de doublure. III) L’insurrection de 1889 qui, avec cet affrontement sanglant entre le parti National dirigé par Lysius Salomon et le parti Libéral mené par Boyer Bazelais, a entraîné la dissolution, peut-être à jamais, de l’équilibre politique dans le pays. IV) Les instabilités qui ont amené à l’occupation américaine de 1915. V) La révolution noiriste qui ayant eu lieu en 1946 n’a pas su poser, malgré le génie d’un Jacques Stephen Alexis, le problème du progrès technique que confrontait Haïti, et a permis l’émergence du Duvaliérisme en 1958. VI) L’incapacité du CNG à combler sans effusion de sang le vide laissé par le départ de Jean-Claude et à réaliser des élections crédibles. VII) Le Coup d’État du 30 septembre 1991 qui a fait vivre au pays une situation embarrassante avec un président de juris en la personne d’Aristide, et deux autres successivement de facto en les personnes de Joseph Nérette et Émile Jonassaint. Et qui aussi continue à avoir des répercussions sur la vie politique actuelle du pays, au point qu’on ne rate jamais une occasion de rappeler que le chanteur était membre du FRAPH, et, de fustiger l’ancien prête pour les sanctions contre Haïti (1991-1994) qui à la vérité étaient un embargo sur des produits stratégiques, dont : armes, munitions et pétrole. VII) Les évènements de 2004 qui peuvent être perçu comme le géniteur du PHTK ; la crise actuelle est le plus complexe dans la mesure où les intérêts sont multiples et qu’il est difficile de distinguer les antagonistes. C’est comme un imbroglio dans lequel s’affrontent toutes les classes et les catégories sociales. Le problème de la corruption, la mauvaise gouvernance, la faiblesse des institutions judiciaires, la déficience de l’appareil sécuritaire de l’Etat, la fragilité sociale, la cherté de la vie, la question de l’énergie, l’insalubrité publique, et la misère des individus se sont tous rangés dans un seul panier et, constituent l’ensemble de défis que doivent surmonter les décideurs. Il ne s’agit pas seulement d’une affaire de procès comme j’avais spécifié un peu plus haut. C’est le système qui est remis en cause. Et c’est donc là qu’elle revêt aussi un aspect décisif. Elle a permis de relancer non seulement l’idée qu’il va nous falloir dialoguer tous ensemble, mais aussi suscité la conscience que nous menons tous une guerre sous-jacente qui à défaut d’une solution pacifique se débouchera tôt ou tard sur un océan de sang.
8- Ne pouvant pas négliger le dossier des sept (7) mercenaires arrêtés par la PNH, comment interprétez-vous cette situation qui, selon plus d’un, fragilise la sécurité nationale?
– R.G : Je me rappelle avoir déclaré le jour même des arrestations qu’il existe trop de conclusions hâtives et trop d’affirmations sans preuves sur ce dossier. Au lieu de sept, disons huit à raison qu’on doit prendre en compte le citoyen haïtien. Dire que ce sont des mercenaires suppose qu’il y ait un contractant et aussi une mission. Ce qui devrait être prouvé par la justice, et non pas par des allégations de toutes sortes sur les réseaux sociaux. Trois personnalités de renoms sont venues avec trois accusations différentes. Alors, je préfère parler de huit personnes en contravention avec la loi pour prendre mes précautions. Qu’elles ont été par la suite libérées, est une autre paire de manche qui d’ailleurs n’a rien d’étonnant. La seule erreur est la déclaration du Premier ministre qui aurait dû être mieux pensée. À sa place j’allais dire que je n’ai pas autorisé, en ma qualité de chef du CSPN, la libération et le départ de ces inculpés étrangers. Ce qui serait un peu plus embarrassant pour le Palais National, et qui éviterait à la population de percevoir une faiblesse du côté de la Primature. Car ne pas être au courant est un grave péché s’il faut nous en tenir à ce théorème : « Soit le gouvernement savait, et c’est grave, soit il ne savait pas et c’est encore plus grave ».
Autant de faire remarquer que les autorités, partout ailleurs, ont toujours éprouvé une peur d’assumer la vérité et un amour de rendre flou les dossiers. Des citoyens, des journalistes et des investigateurs qui dans leur quête s’aventurent comme Icare à trop approcher le soleil, se verront brûler leurs ailes. C’est pour dire que certains événements pour toujours resteront des mystères. D’où prennent sens les expressions « Raison d’État » et « Secret d’État ».
Mise à part ces considérations, il importe de spécifier que la présence de mercenaires sur un quelconque territoire ne reflète pas toujours une action illégale. Il existe des firmes légaux dits « Private Security Contractors » ou « Private Military Contractors » dont les membres prennent le statut de mercenaires dans les théâtres d’opérations. C’est le cas de la compagnie BlackWater, ci-devant Academy ou encore Xe qui évoluait dans le Moyen-Orient de 2001 à 2010, du groupe russe Wagner qui actuellement assure la sécurité du président Maduro, et de la fondation Steele CIS qui s’était établie en 1998 à Haïti – et qui de 2011 à 2004 se chargeait de la garde rapprochée de l’ancien président Aristide. Et parlant de ce dernier, d’aucuns sont persuadés qu’il avait aussi fait appel en 2004 à des mercenaires Sud-Africains déguisés en agent de la CAT Team (qui à l’époque voulait dire Unité de Combat Antiterroriste) pour l’accompagner lors du 1er Janvier aux Gonaïves. Cette présomption n’est pas à sens unique vu que certains ont cru fermement dans la présence de certains étrangers parlant espagnol dans l’attaque du Palais National le 17 décembre 2001 ; et remontera encore plus loin quand quelques témoins laissent entendre qu’il se trouvait des militaires étrangers, probablement des afro-américains, dans le rang de la garde présidentielle lors des affrontements du Palais National contre les Casernes Dessalines et le Corps des Léopards en 1989.
Et le meilleur à venir dans ce dossier c’est quand le CSPN, par-devant le Parlement, tentera de faire le point en bernant davantage les citoyens en attente d’explications. Tout se dira, mais personne – sinon que quelques grands esprits – ne comprendra.
9- Avez-vous un message à partager à la nation et à notre classe politique?
-R.G : Je ne dispose d’aucune autorité pour m’adresser à la nation, et d’aucune voix pour me faire entendre par la classe politique à qui j’aurais recommandé la sagesse, le sacrifice et l’amour du pays. Mon message par conséquent se dirigera vers les PetroChallengers. Ce mouvement sur lequel il convient de mettre l’accent constitue un tremplin non pas par le fait qu’il a donné de l’aile à AyitiNouVleA et naissance à NouPapDòmi; mais plutôt dans la mesure où il est devenu une initiative intéressée et même financée. Alors que je n’ai pas arrêté de demander à des membres de AyitiNouVleA d’avouer publiquement – et ça n’allait pas être un mal – la provenance de leur fonds; comment expliquer que des politiciens qualifiés ironiquement de traditionnels ont pu récupérer avec aisance le mouvement? Carlo Joseph, reconnu pour avoir participé au GNB et un fervent partisan du PHTK, n’est que l’arbre qui cache la forêt en ce sens. Avant même de le décrier, les PetroChallengers, tous autant qu’ils sont, devraient penser à structurer davantage leur combat et à fixer des bornes autant que des balises. Qui est PetroChallenger (?) n’est pas une question aussi facile à répondre vu qu’on disait au départ, et je reprends en créole « Mouvman sa pa gen mèt ». Si cette expression au premier abord représentait un point fort, c’en est devenu maintenant un flou et même une erreur à rectifier aussi vite que faire se pourra. Qu’adviendra-t-il si ceux qui dans le bon sens se sont arrogés le droit d’incriminer Carlo, et qui pensent aussi détenir la légitimité de parler au nom de tous, commenceraient à trahir à leur tour aux yeux de certains? Il va falloir en ce sens un document notoire accepté par une majorité qui de toute façon sera relative. Je ne nourris aucune insinuation en pensant à tout cela. C’est juste un appel à la réflexion, et surtout une invitation à ne pas commettre les bêtises de ceux qui ne peuvent plus s’enorgueillir d’avoir accouché 2004.
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Entrevue menée par Exon OPHIN