Soixante-deux (62) députés viennent de signer une résolution de huit (8) articles, avec des propositions et des recommandations à l’Exécutif, pour tenter comme par miracle, de résoudre une crise dont, en partie, ils en sont les instigateurs.
Bien que partisan du pouvoir législatif – compte tenu de son importance dans la construction et la consolidation d’un régime démocratique – cela n’est un secret pour personne que ce Parlement, au regard des scandales qui l’épingle, représente un danger pour le changement tant nécessaire dans l’avenir du pays.
Grace à l’avènement des médias sociaux, des pratiques qui probablement existaient bien avant mais peu connues de tous, sont rendues publiques. Comme les blagues de Toto qui sont virales, les scandales de corruptions parlementaires sont à profusion dans les blocs de notes de n’importe quel citoyen. On sait maintenant quel Ministère a négocié tel parlementaire et les financements qu’il a reçus de l’Exécutif à travers de petits projets que des fois il réalise très mal ou très souvent pas du tout.
Des pratiques qui empêchent toute cohérence dans les prévisions et les politiques publiques. Une République de petits projets bidons. Alors que ces mêmes parlementaires, qui déjà en grande partie proviennent d’une même famille politique – auraient pu se solidariser derrière des politiques publiques à même de donner lieu à un changement dans la condition sociale et économique du peuple haïtien. Mais au contraire, sont à la base de pratiques dégradantes et avilissantes du pouvoir législatif, avec le concours d’une majorité toujours vassale à l’exécutif, qui affaiblit du coup le travail de « contrôle parlementaire » en neutralisant toutes minorités. Pourtant, le contrôle parlementaire est inhérent au parlementarisme moderne. Un Parlement qui se dédouane du contrôle de l’Exécutif est comme un berger qui livre son troupeau à la boucherie.
Nos dernières législatures malheureusement ont institutionnalisé des pratiques de corruption qui font que cette noble institution ne jouisse désormais d’aucune crédibilité auprès de la population. Fort donc de ce constat, je suis un peu persuadé que cette résolution qui d’ailleurs contient déjà des recommandations tout à fait fantaisistes, face à la conjoncture actuelle, n’aura même pas le poids d’un aérogel de carbone.
Au plus bas fond de sa déchéance, ce Parlement qui a en partie conduit l’exécutif dans ce périple politique, a scandalisé et banalisé l’Etat. Certains diraient même – pour utiliser un mot plus à la mode, “atèplatisé” l’Etat.
Roudy Stanley Penn
Politologue