La zone métropolitaine de Port-au-Prince, est plongée dans un climat de violence incessante depuis tantôt trois ans. Cette situation devient plus terrible depuis le mois de février dernier avec le soulèvement des hommes armés contre le Premier ministre Ariel Henry au pouvoir, conduisant à la fermeture des ports et des aéroports, isolant ainsi le pays du reste du monde. Les répercussions de cette isolation se font cruellement ressentir sur le système de santé haïtien, déjà fragile, mettant particulièrement en péril la mission humanitaire de Médecins Sans Frontières (MSF).
Le 21 mai 2024, Mumuza Muhinsa Musubaho, chef de mission de MSF, a publié un communiqué urgent, appelant les autorités douanières et les groupes armés à permettre le transport des fournitures médicales cruciales. MSF est actuellement confronté à de sérieux obstacles logistiques qui compromettent leur capacité à fournir des soins de santé essentiels à une population désespérée.
La situation est alarmante : plus de 30 centres hospitaliers de Port-au-Prince ont dû fermer leurs portes en raison des violences, y compris l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti, le plus grand de la capitale, qui a été victime de vandalisme et de pillages. MSF avertit que si des mesures ne sont pas rapidement prises, les conséquences sur la population seront dramatiques. Les patients atteints de maladies infectieuses, de tuberculose ou souffrant de maladies chroniques voient leur état de santé se détériorer faute de soins adéquats. Par ailleurs, les conditions insalubres dans les camps de déplacés exposent ces populations à un risque accru de maladies hydriques, comme le choléra.
Jean Baptiste Goasglas, coordonnateur de projet MSF, souligne que les défis sont immenses. Les réserves de l’Hôpital MSF de Carrefour, ouvert en mars dernier, sont déjà épuisées en raison de l’afflux massif de patients. Goasglas a détaillé les efforts déployés par MSF, mentionnant le nombre élevé de consultations externes, de cas d’urgence traités, incluant les victimes d’accidents de la route et les grands brûlés, dont une large proportion sont des enfants.
La crise en Haïti nécessite une réponse immédiate et coordonnée pour éviter une catastrophe humanitaire de grande ampleur. Le communiqué de MSF est un appel à la communauté internationale et aux autorités locales pour agir de toute urgence et permettre l’acheminement des ressources médicales indispensables à la survie de milliers de personnes.
Maryne N. Louis-Jeune