Comme s’il était entrain de jouer au pyromane, il y a trois jours, le Gouvernement dirigé par le Premier ministre Ariel Henry, afin de procéder au distribution des produits pétroliers, négociait avec des chefs de gangs pour libérer l’accès au Terminal de Varreux que ces derniers occupent par la force des armes pour faire écho à la population qui exige son départ du pouvoir après sa décision de doubler le coût de ce produit transversal à la pompe. Selon ce qu’on a étonnement entendu à l’émission très écoutée de radio Mega, « Boukante Lapawòl », animée par le trio : Guerrier Henry, Ismaël Valestin et Juno Jean-Baptiste, les négociations se sont soldées sur un pactole de 60 millions de gourdes octroyées à ces malfrats pour un cessez-le-feu. Ce sont l’ancienne mairesse de l’Arcahaie, Rosemila Petit-Frères et le ministre de la Défense, Dr Enold Joseph qui s’étaient chargés de transmettre cette somme colossale.
Alors que, paradoxalement, à l’issue d’un Conseil des ministres, l’équipe gouvernementale s’est formellement entendue afin de formuler une demande auprès de la communauté internationale pour une intervention militaire afin, avance-t-elle, de lutter contre les gangs dans le pays et résoudre cette crise humanitaire. L’arrêté est publié ce vendredi 7 octobre, dans le journal officiel Le Moniteur. Déjà, il fait des gorges chaudes sur les réseaux sociaux et suscite l’indignation des citoyens n’arrivant pas à imaginer, une troisième intervention des bottes étrangères, en espace de moins de vingt ans, sur le sol de la première République noire, qui a conquis son indépendance au prix du sang.
Pour qui travaillent véritablement les gangs ?
« La situation est globalement sous contrôle », a péremptoirement déclaré le ministre des affaires étrangères, Jean Victor Généus sur les tribunes des Nations-Unies, lors d’une réunion du Conseil de sécurité de cette auguste assemblée sur la crise sécuritaire qui sévit en Haïti. Pendant que la situation à laquelle il a fait allusion est apparemment nettement dépassée par les forces de l’ordre haïtiennes.
Fort de tout ce qui précède, plus d’un se pose des questions, les unes plus pertinentes que les autres : le Gouvernement d’Ariel Henry se laissait-t-il faire les gangs pour aboutir à une autre occupation étrangère du pays, pour y pérenniser son pouvoir et pour demander de liquider du coup les gangs ? De janvier 2021 à août 2022, on a recensé, selon des rapports officiels, plus de 1550 actes de kidnapping perpétrés en Haïti, à raison de 20 milles dollars américains en moyenne, soit 31 millions de dollars américains en total, d’où va cette somme ? Pourquoi ces bandes criminelles se soulèvent-elles contre le pouvoir en place ? Y a-t-il des mammouths aux abords et/ou du pouvoir pour qui ils travaillaient et à qui aujourd’hui ils demandent des comptes ?
Sans conteste, la situation sécuritaire du pays ne fait qu’empirer depuis l’installation du Premier ministre Ariel Henry à la Primature il y a 15 mois. Des foyers de gangs disséminés un peu partout à travers le territoire national. L’entrée nord et sud de la capitale sont quasiment tombées sous contrôle des gangs qui tuent, kidnappent, volent et violent sans s’inquiéter. Serait-ce la mission confiée au Premier ministre Ariel Henry par la communauté internationale pour souiller, une fois de plus, notre souveraineté ?
Jean-Samson Étienne