Depuis après l’année 2014, on assiste non seulement à une prolifération des gangs armés dans le pays, mais à une montée en puissance de ces groupes criminelles. Ils tuent, kidnappent, volent et violent comme s’ils étaient seuls maîtres sur le territoire. Et leurs exactions ne font que multiplier et plongent la population dans la peur et la terreur chaque jour davantage. Ils trouvent la bénédiction d’une frange de la classe politique et économique pour asseoir leur hégémonie.
Les gouvernements se succèdent mais se montrent de plus en plus impuissants à traquer ces bandes armées illégales. Aussi le pays connaît depuis lors une descente aux enfers accélérée. On assiste à une fuite de cerveau incontrôlable. La classe moyenne est quasiment effondrée économiquement, les activités touristiques sont à l’arrêt, notre monnaie nationale ne cesse d’être dépréciée face au dollar américain.
Le démentèlement des gangs est-ce une fatalité ?
Sous le leadership de l’ancien Premier ministre Laurent Lamothe en (2012-2014), ont été démantelés les deux plus puissants gangs qui opéraient dans la zone métropolitaine (Gang Clifford Brand et Gang Galil). Pour ce faire, il a fallu consentir de lourds sacrifices car les membres de ces cartels lourdement armés proviennent de la bourgeoisie haïtienne, du pouvoir en place, des hauts gradés de la Police nationale d’Haïti et avaient des connections avec des barons de drogues internationaux. Mais l’ancien chef de Gouvernement a dû s’armer de courage et faire des ennemis pour traquer et mettre hors d’état de nuire ces malfrats. Qui ne se souvient pas de l’arrestation de Clifford Brandt, Woodly Ethéart, dit Sonson La Familia, Edner Comé… la plupart sont des proches du Président de la République d’alors, Michel Martelly et de son beau-frère Charles Saint-Rémy (Kiko) ?
Après l’année 2014 qui a marqué le départ de Laurent Lamothe de la Primature, le pays est sombré dans une crise d’instabilité chronique. La lutte acharnée pour le pouvoir a poussé certains politiciens à recourir à la violence. Ils n’ont pas hésité à armer des jeunes issus des quartiers populaires pour semer la pagaille et mettre leurs adversaires en mauvaise posture en vue d’atteindre leur objectif. Ainsi, ces jeunes, sous couvert de la politique, sont devenus de redoutables chefs de gang.
Le bandit notoire de Torcel, Vithélhomme Innocent, dans une interview exclusive accordée au journaliste Guerrier Henry a dénoncé le Premier ministre Ariel Henry, le politicien André Michel… comme ceux qui prennaient l’habitude de lui engager dans des missions afin de déstabiliser le pouvoir de l’ancien président feu Jovenel Moïse. Le gang criminel « Baz 400 Mawozo » de la Croix-des-Bouquets s’est véritablement imposé suite aux fameux mouvement de l’opposition radicale au Président Jovenel Moïse baptisé « Pays-Lock ». Les gangs du groupe G9 « An Fanmi e Alye » et de G-Pèp se sont livrés dans une véritable guerre causant ainsi des dizaines de morts et des blessés. Ces exemples sus-cités sont ceux parmi tant d’autres qui expliquent l’impuissance des gouvernements à démanteler les gangs et qui les rendent si forts.
Abner Mesadieu