Depuis tantôt une année, la famille Lauture vit dans la peur et l’incertitude après que leur maison située à Croix-des-bouquets, Santo 25 rue Ernest # 3, a été occupée illégalement par des gangs armés. Contraints de fuir leur propre domicile, Kareen Pierre, épouse d’Oriol Lauture, et leurs deux adolescents vivent aujourd’hui dans une situation de grande précarité, sous la menace constante des criminels.
Oriol Lauture, responsable informatique pour le journal Le Médiateur et représentant de ce dernier aux États-Unis, tire la sonnette d’alarme. “Je demande aux autorités haïtiennes et à la communauté internationale d’intervenir immédiatement. Ma famille est en danger. Ces gangs les menacent pour qu’ils se taisent et ne dénoncent pas leurs crimes. Ils risquent leur vie chaque jour,” a-t-il déclaré.
Une maison volée, une famille en exil
La maison des Lauture, fruit de 25 années de travail et de sacrifices, a été transformée en caserne par les membres du gang. Kareen Pierre se remémore, en sanglots, le jour où les criminels ont fait irruption dans leur domicile. “Ils sont venus armés et nous ont ordonné de partir sur-le-champ. Nous avons à peine eu le temps de prendre une valise contenant quelques vêtements et nos papiers importants. Depuis, nous n’avons plus rien,” explique-t-elle.
Les deux adolescents de la famille, âgés de 12 et 17 ans, peinent à s’adapter à cette nouvelle réalité. “Nous ne savons pas où aller ni comment nous en sortir. Chaque jour est une lutte pour survivre,” confie Kareen, qui dénonce l’inaction des autorités face à cette situation.
Une crise qui touche des milliers de familles
Le drame des Lauture n’est malheureusement pas un cas isolé. En 2024, les violences des gangs armés en Haïti ont forcé plus de 200 000 personnes à fuir leurs domiciles, selon un rapport d’une organisation locale des droits humains. À Port-au-Prince et ses environs, les gangs continuent de semer la terreur, prenant en otage des quartiers entiers.
En septembre dernier, une autre famille de Martissant a dû fuir après que des criminels ont tué le père pour s’être opposé à l’occupation de leur maison. À Cité Soleil, des familles vivent désormais dans des camps de fortune, sans accès à l’eau potable ni aux soins de santé.
“Les gangs armés contrôlent tout, et les autorités ne font rien pour protéger les citoyens,” s’indigne Oriol Lauture.
Un appel à l’action
Pour Oriol, la situation est devenue insupportable. Depuis les États-Unis, où il s’efforce de subvenir aux besoins de sa famille, il plaide pour une intervention rapide. “Il est urgent que l’État prenne ses responsabilités. Ma famille et tant d’autres méritent de vivre en sécurité. On ne peut pas abandonner le pays aux mains des criminels.”
Face à la gravité de la situation, Kareen Pierre appelle également à l’action. “Je demande aux autorités de nous rendre notre maison et d’agir contre ces gangs. Nous sommes des citoyens. Nous avons le droit de vivre dignement et en paix.”
En attendant une réponse des autorités, la famille Lauture reste dans l’angoisse, forcée de reconstruire leur vie loin du lieu qu’ils considéraient comme leur foyer. Leur histoire, symbole du calvaire de tant d’autres familles haïtiennes, est un cri du cœur contre l’insécurité qui ravage le pays.
Maryne N. Louis-Jeune