Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a opposé un refus clair et ferme à la proposition du Secrétaire général de l’Organisation des États Américains (OEA) de négocier avec les gangs armés en vue d’une sortie de crise sécuritaire en Haïti. Dans un communiqué publié ce vendredi 13 juin 2025, la présidence affirme que « la Nation ne peut dialoguer avec ceux qui l’ont mise à genoux. »
Alors que la proposition de l’OEA vise à « explorer toutes les pistes » pour rétablir la paix, le CPT n’a pas tardé à réagir, rappelant l’ampleur de la souffrance de la population face à l’insécurité. « La société haïtienne, dans toutes ses composantes, a durement souffert des conséquences de l’insécurité criminelle », indique le communiqué. Et d’ajouter : « Elle ne conçoit pas la négociation avec les auteurs de ces actes odieux qui mettent en péril l’avenir même de la Nation. »
Ce rejet de toute entente avec les groupes armés trouve également un large écho dans l’opinion publique. Dans les rues de Port-au-Prince, la colère est palpable. « Ces bandits ont tué, violé, pillé. Aujourd’hui, on veut nous forcer à les appeler à la table des négociations ? C’est une insulte ! » s’indigne Marie-Claude Bruny, mère de deux enfants, déplacée par les violences à Carrefour-Feuilles.
Le CPT affirme concentrer ses efforts sur des mesures concrètes pour sortir le pays de la spirale de violence. « Nous avons créé une Commission chargée de la mise en place d’un réseau national de centres d’accueil et de maisons de rééducation pour les mineurs enrôlés de force dans les bandes armées », a précisé un conseiller du CPT sous couvert d’anonymat. « Mais cela ne signifie en rien qu’on va légitimer les chefs de gang. Il faut faire une distinction entre les victimes et les bourreaux. »
L’institution de transition en appelle également au soutien de la communauté internationale, mais met en garde contre toute initiative en décalage avec les attentes du peuple haïtien. « Nous comptons sur la collaboration des institutions régionales, mais nous ne transigerons pas sur les principes. Les Haïtiens veulent la justice, pas des pactes avec leurs bourreaux », conclut le communiqué.
Mario Jean-Pierre