Si le kidnapping ne serait pas réellement soutenu par des mains politiques, il ne fait aucun doute, le refus de dialoguer des politiciens radicaux et le manque de volonté des autres pour une solution consensuelle à cette crise socio-politique qui perdure dans le pays, lui donnent de plus en plus le champ libre. Car les crises politiques sont génératrices de toutes sortes de violences.
Alors que des responsables de la plate-forme Religion pour la Paix Haïti, sont entrain d’entreprendre des démarches auprès des acteurs politiques en vue d’un dénouement de cette crise, des religieux sont plus que jamais devenus des cibles des kidnappeurs. Après avoir été tant victimes ces jours-ci, ce dimanche 11 avril 2021, 7 prêtres et religieux ont été enlevés sur la route de la Croix-des-Bouquets, au moment où ils se rendaient ce matin à Ganthier pour l’installation de l’un des prêtres à l’église Immaculée de Galette Chambon.
Cette situation a suscité des interrogations les plus pertinentes. Pourquoi ces enlèvements spectaculaires ont été opérés dans les rangs de l’église pendant que Religion pour la Paix Haïti a accepté d’être le médiateur entre les protagonistes de cette crise ? Serait-ce une simple coïncidence ? Voudrait-on décourager des membres de cette structure inter-religieuse pour laisser empirer la crise en vue de soulever les membres des églises contre le Pouvoir en place, comme certains pasteurs protestants n’hésitent pas à fouler le macadam pour exiger le départ du Président de la République ? Le kidnapping serait-il une arme politique pour renverser le Président Jovenel Moïse du Pouvoir ?
La semaine écoulée, les politiciens radicaux ont rejeté d’avance en bloc la mission des leaders religieux de Religion pour la Paix Haïti dans le cadre de la recherche d’une solution consensuelle à cette crise. Certains d’entre eux vont jusqu’à disqualifier cette organisation oecuménique dans ce rôle d’arbitrage qu’elle entend jouer. Entretemps, ces politiques ne ratent jamais une occasion pour exiger le départ du Chef de l’État après chaque cas de kidnapping, sans, même une fois, proposer à la population de faire front contre les kidnappeurs. Comme si le kidnapping devenait subitement la voie royale qui menait au Pouvoir.
Frantz Jean-Louis