Pour résoudre le phénomène de l’insécurité qui gangrène le pays, les États-Unis et le Canada ont adopté séparément un ensemble de sanctions visant des personnalités de l’élite politique et économique qui financeraient des gangs ou impliqueraient dans les trafiques illegales de drogues, trois mois après ces mesures, les cas de kidnapping ne font qu’amplifier . Dans sa montée en puissance, plusieurs personnalités en ont déjà été victimes: dont le directeur général du CNE Kinton Louis, le chef de protocole du Palais national, l’ambassadeur Yves Mazile, l’ancien sénateur Louis-Gerald Gilles toujours séquestré, l’ancien ministre Pierre Buteau… environ une vingtaine de policiers sont tués par des gangs armés. Aucun bandits notoire n’est arrêté. Le carnaval de Port-au-Prince est célébré pour la première fois de 10 a.m. à 6 heures p.m. pour éviter la violence des gangs. Les bandes armées continuent de prendre de plus en plus le contrôle de la du territoire.
C’est dans ce contexte, à l’issue de la 44e réunion des chefs d’Etat et de gouvernement de la CARICOM, le vendredi 17 février dernier, où la crise en Haïti a été au cœur des débats, le Premier ministre Ariel Henry a déclaré au micro du journaliste Valerio Saint-Louis de la Voix de l’Amérique, à propos des sanctions internationales prises par ces deux géants de l’Amérique du Nord contre des personnalités haïtiennes, que : « les sanctions nous aident ». Alors que plusieurs personnalités frappés par ces mesures n’ont de cesse de clamer leur innocence. Certains vont jusqu’à angager leur Cabinet d’avocats pour exiger des preuves de ces accusations qualifiées d’injustes portées contre eux.
Si certains sont choqués par cette déclaration du Premier ministre, on peut y déceler également des non-dits qui expliquent en quoi les sanctions aident le Dr Ariel Henry et son staff gouvernemental :
1- Parmi les sanctionnés figurent des personnalités qui se battent pour que toute la lumière soit faite sur l’assassinat du Président Jovenel Moïse le juillet 2021, dont l’ancien Premier ministre Laurent Lamothe. Or, selon les relevés téléphoniques remis par la Digicel sur demande de la justice haïtienne, le Premier Ministre Henry a eu 2 appels téléphoniques le 7 juillet, jour de l’assassinat du Président Jovenel Moïse à 4h03 a.m. et à 4h20 a.m. d’une durée totale de 7 minutes avec le principal suspect, Joseph Félix Badio.
2- parmi les sanctionnés, il y a aussi ceux qui se rivalisaient avec le Premier ministre pour le partage du pouvoir, dont l’ancien président du Sénat de la République Joseph Lambert qui a failli franchir la porte du palais national pour prendre les rênes de l’exécutif suite à une résolution votée par les dix sénateurs qui etaient encore en fonction.
3- Comme Premier ministre de facto, dont sa mission principale est d’organiser les élections, Ariel Henry pourrait se réjouir si l’insécurité continue de galoper. Si ces pays occidentaux se tromperaient de cible. Car c’est grâce à ce climat délétère qu’il est encore au pouvoir. D’où, ne soyons pas dupe. Notre éminent médecin a bien diagnostiqué le malade. Ces sanctions internationales ne sont-elles pas réellement un bon remède pour la longévité de son gouvernement ?
Jean-Samson Étienne