Meurtrie par la violence des gangs et une crise humanitaire inédite, le pays se prépare à la mise en place d’un Conseil présidentiel de transition. Cependant, malgré un minimum de consensus entre des acteurs politique autour de cette démarche, plusieurs facteurs laissent entrevoir un possible échec de cette initiative. Voici cinq raisons qui prédisent cette issue :
1- Crise Politique Complexe : l’acclamation de l’89ancien sénateur Guy Philippe par une bonne partie de la population haïtienne pour la présidence de la transition ; la persistance de certains acteurs de l’élite politique et de la société civile pour le choix d’un juge à la Cour de Cassation en vue de mener le pouvoir de transition ; l’exigence et la violente du front des gangs “Viv Ansanm’ pour leur participation sur la table des négociations politiques du pays sont trois défis politiques majeurs face auxquels les membres du Conseil de transition auront fort à faire pour accomplir leur mission. Bien que soutenus par la Communauté internationale, les personnalités de ce groupe hétéroclite sont de plus en plus critiquées par la population vue leur expérience infructueuse dans des hautes fonctions de l’administration publique.
2- Corruption Endémique : La corruption est un problème majeur en Haïti, sapant les fondements de toute initiative politique ou sociale. Dans ce contexte, la formation d’un Conseil présidentiel de transition pourrait être compromise par des intérêts personnels et des pratiques corruptives. Avec neuf membres issus d’horizon divers, le CPT risque de se perdre dans la lutte pour des intérêts de clan au détriment des besoins vitaux de la collectivité.
3- Tensions Sociales : Les tensions sociales sont élevées dans le pays, en raison de l’insatisfaction généralisée de la population face aux conditions de vie précaires, au chômage élevé et à l’inefficacité et même l’inaction des institutions gouvernementales. Ces tensions pourraient compromettre la légitimité et l’efficacité du Conseil présidentiel de transition.
4- Ingérences externes : Haïti a été historiquement sujet à des ingérences étrangères, particulièrement des Etats-Unis, de la France et du Canada, souvent motivées par des intérêts géopolitiques ou économiques. Aujourd’hui encore cette pratique se poursuit pour de plus belle
Ces ingérences peuvent compliquer davantage la mise en place et le fonctionnement d’un Conseil présidentiel de transition, en sapant la souveraineté et la stabilité du pays. Car avec l’idée de révolution soulevée par l’ex-sénateur Guy Philippe la population semble plus que jamais déterminée à rejeter des politiciens haïtiens agissant sous le diktat de la Communauté internationale contre leur propre peuple.
5- Manque de confiance publique : Après des décennies de gouvernance inefficace et de promesses non tenues, une grande partie de la population haïtienne a perdu confiance dans les institutions politiques et des vieux rats politiques. Ce manque de confiance pourrait se traduire par un manque de soutien populaire pour le Conseil présidentiel de transition, compromettant ainsi sa légitimité et sa capacité à effectuer des réformes efficaces.
Face à ces défis de taille, la réussite du Conseil présidentiel de transition en Haïti semble incertaine. Cependant, avec un engagement ferme envers la transparence, la responsabilité et la participation citoyenne, il reste possible de surmonter ces obstacles et de tracer une voie vers des élections libres, honnêtes et démocratiques en vue d’aboutir à leur mission.
Alix Jean-Louis