Depuis plusieurs jours, l’accès à Internet, un service essentiel pour la population haïtienne, est gravement perturbé en raison d’un conflit entre la compagnie Digicel et Emmanuel Paret, propriétaire de Kaliko Beach. Ce dernier refuse de permettre à Digicel de réparer un câble sous-marin endommagé sur sa propriété, sous prétexte que l’entreprise lui doit plus de 2,5 millions de dollars depuis 2019. Cependant, la Digicel dément cette affirmation, précisant qu’elle ne doit rien à M. Paret.
L’intérêt personnel prime malgré tout
Même si une dette existait, elle devrait être réglée par voie légale devant les tribunaux, et non en privant la population d’un service essentiel. En bloquant l’accès aux techniciens de Digicel, M. Paret semble faire passer son intérêt personnel avant celui de millions de citoyens qui dépendent de l’Internet pour leurs activités quotidiennes, leur sécurité et leurs moyens de communication. Cela soulève une question centrale : peut-on justifier qu’un individu, sous couvert de défendre ses droits, porte atteinte à l’intérêt collectif ?
Le maire de la commune de l’Arcahaie, Jules Jean Edner, où se trouve Kaliko Beach, a publiquement dénoncé l’attitude de M. Paret, rappelant que ce dernier n’a pas payé ses impôts locatifs depuis 2016. « Quand on réclame ses droits, il faut faire ses devoirs », a martelé le maire, tout en précisant que M. Paret a une dette envers la mairie de près de 8 millions de gourdes, pour le paiement du CFPB (Contribution Foncière des Propriétés Bâties) et le Droit d’affermage. Ainsi, alors que Paret exige des millions de dollars de Digicel, il accumule lui-même des dettes importantes envers l’État haïtien.
La mairie de l’Arcahaie impuisant
Dans ce contexte, l’absence de l’État haïtien, qui se doit d’être le régulateur et le protecteur des droits de la population, est particulièrement alarmante. Ce silence laisse la population payer le prix de ce conflit privé. Le maire de l’Arcahaie, Jules Jean Edner, a d’ailleurs regretté que la loi ne lui accorde pas les moyens coercitifs nécessaires pour contraindre M. Paret à payer ses dettes fiscales. Cette impuissance légale renforce l’idée que M. Paret se place au-dessus de la loi, tout en piétinant les droits de millions de citoyens qui dépendent de services de communication pour leur sécurité et leur bien-être.
Un service vital pour la sécurité publique
L’accès à l’Internet est bien plus qu’un confort moderne ; il est vital pour la sécurité, la santé, l’éducation et l’économie du pays. En Haïti, un pays en proie à de multiples crises, la connectivité est cruciale pour la gestion des urgences et la coordination des services publics. En bloquant l’accès aux réparations nécessaires, Emmanuel Paret met en péril la sécurité nationale, tout en cherchant à faire pression pour obtenir une compensation. Ce comportement soulève des préoccupations éthiques majeures quant à la priorisation des intérêts privés par rapport au bien commun.
L’État doit agir pour défendre l’intérêt collectif
La population haïtienne est la véritable victime de ce conflit entre Emmanuel Paret et Digicel. L’État, en tant que régulateur et garant des droits de la population, doit intervenir de toute urgence pour que ce type de litige soit traité par voie judiciaire, et non au détriment du bien-être collectif. Il est impératif de rappeler que la loi doit s’appliquer à tous, et que l’intérêt général ne peut être sacrifié sur l’autel des différends financiers privés. L’État doit non seulement protéger les droits des citoyens, mais aussi veiller à ce que ceux qui exigent justice remplissent eux-mêmes leurs obligations légales.
Oscar B. Pierre