Au cœur de Port-au-Prince, à quelques pas du Palais National, lieu où réside le Président de la République et sont gérées les affaires de l’État, se donne un spectacle qui pour certains laissent des plaintes étouffées et pour d’autres une virilité poignante.
Au Champ de Mars, tout près de l’Ambassade de France, des jeunes adolescentes se donnent à cœur joie pour dévaler la frustration de leur besoin quotidien au creux de leur cuisse.
Pour obtenir une pitance qui peut à peine les nourrir pour une journée ou un plat de poulet et une canette de bière, les trottoirs de Champ de Mars sont transformés en Hollywood du dévergondage. Le plaisir des yeux est gratuit à celui qui veut bien du spectacle, on ne paie pas pour le service, alors on se bande et on jouit du regard.et pour les créanciers de tout âge, de tout statut, ils sont impatients en attendant leur tour.
L’homme marié est l’acteur principal de ces scènes pour purifier la souillure d’une dispute avec leur épouse ou pour exploser la frustration d’une journée trop retenue; il s’acharne sur le fruit de la félicité défendu. La fierté n’a plus sa place car ils se familiarisent au danger de se faire espionner par un fureteur, le plaisir volé au coin de la rue reste un souvenir et celui d’une bonne pipe bien faite reste à jouir.
Rien d’étonnant de voir une jeune fille de 14 ans avec une cigarette en main et un ventre annonçant la venue d’un anonyme avenir attendant impatiemment le client d’une pipe pour la nuit. Car sa situation la privait de certaines exhibitions.
Le temps passé pour certains laissent les séquelles du vieillissement et de l’imperfection. Incapable de donner du bon service car les années passées ne peuvent se rattraper et le temps est aux nouvelles coquettes à croquer.
Et le monde continue à bouger au souci de leur sort. Elles sont mises à l’écart et attendent le supplice de leur châtiment.
Leur survie devient la mort de leur dignité et le Bon-Dieu s’écarte de leur pudeur. Elles existent et les queues font la queue au creux de leur jardin.
Lamaria