La Résolution 2653 (2022) du Conseil de sécurité des Nations-Unies visant à monter une Commission internationale pour identifier et punir les financeurs de gangs en Haïti et de faire la lumière sur de grands scandales de corruption, a été bien saluée par la population haïtienne. Toutefois, après la publication dudit rapport d’enquête, les inquiétudes ne cessent de grandir dans l’opinion publique vue des omissions et contradictions qui s’y trouvent. La rédaction du journal en ligne Le Médiateur, tient à publier pour ses fidèles lecteurs, quelques points des plus pertinents soulevés par certains observateurs et partagés par l’opinion.
Des omissions dans le rapport de la Commission d’enquête
La Commission des experts des Nations-Unies a fait référence à la mauvaise gestion faite dans le fonds PetroCaribe. Pourtant, Le nom de l’ancienne Première ministre Madame Duvivier Pierre-Louis n’y est mentionné nulle part, a avancé certains observateurs se demandant « les experts n’ont-ils pas su que le Sénat de la République d’alors l’avait contrainte de démissionner pour n’avoir pas pu fournir des preuves sur les 197 millions de dollars américains dépensés ou dilapidés dans les fonds PetroCaribe ?
Le feu Président Jovenel Moïse, selon les dires des observateurs, dans sa lutte pour combattre la corruption dans le pays, a mis fin au contrat léonin et injuste de la compagnie Sogener et traduit, au nom de l’Etat haïtien, ses principaux responsables dont Dimitri Vorbe en justice en vue de rembourser la somme indûment acquise. Frustré, ce dernier, par le truchement de l’aile dure de l’ancienne opposition politique, a financé des mouvements si violents : Peyi-Lòk, Fantôme 509… pour renverser le Président de la République. Alors que le nom de Dimitri Vorbe n’est pas mentionné dans le rapport d’enquête onusien. Qui pis est, l’homme est indexé comme l’un des principaux financeurs du magnicide.
Idem, ont-ils poursuivi, pour Réginald Boulos qui a avoué ouvertement sur les ondes de Vision 2000 avoir supporté financièrement des chefs de gangs à travers leur Fondation. Il a été lui aussi en opposition farouche au président défunt pour avoir détourné les fonds de l’ONA. Et son nom est fortement cité comme l’un des commanditaires du crime dans l’opinion.
Deux anciens ministres du gouvernement actuel, Berto Dorcé et Liszt Quitel ont été sanctionnés par les États-Unis et le Canada et contraints de démissionner. Le premier a été reproché pour avoir ordonné la libération illégale des trafiquants d’un bateau d’armes et de munitions ; l’autre pour avoir ordonné l’enlèvement d’un pasteur à Delmas 33. Leur nom et aucun de ceux du gouvernement actuel ne figurent pas dans le rapport, ont-ils regretté.
Les contradictions relevées dans le rapport de la Commission d’enquête
En ce qui a trait au dossier PetroCaribe, ont avancé des intervenants, la Commission des experts a fait référence au rapport qui a été produit par le Sénat de la République. Or, cette dite commission a été présidée par le sénateur d’alors, Youri Latortue, ayant été un opposant farouche au régime PHTK. Et, ce même Youri Latortue est interdit d’entrer aux États-Unis pour trafic de drogue, il est également sanctionné par le Canada. Le pire, Mr Latortue est sur la liste des quatre personnalités haïtiennes indexées ouvertement dans le rapport de l’ONU.
Le Comité des experts s’est appuyé sur une dénonciation d’un ancien chef de gang dans le département de l’Artibonite pour indexer l’ancien député de Petite-Rivière de l’Artibonite, Prophane Victor, dans le financement de gang. Pourtant, le caïd, Vithelhomme Innocent, dont sa tête est mise à prix par les États-Unis pour enlèvement suivi d’assassinats de deux citoyens américains de passage en Haïti, a dénoncé sur les ondes des médias plusieurs personnalités politiques haïtiennes parmi eux, Me André Michel, Ricard Pierre, Jean-Renel Senatus… qui l’avaient entraîné dans le banditisme lors du fameux mouvement baptisé Peyi-Lòk mené contre l’ancienne administration de jovenel Moïse.
La Commission a avancé les sanctions adoptées par les États-Unis et le Canada en guise d’argumentations, alors qu’elle a avoué dans son rapport que ces pays n’ont pas répondu à leur correspondance dans sa quête de preuves pour sanctionner les coupables.
Le nom de l’ancien Premier ministre Laurent Lamothe est l’un des rares a été indexé dans le rapport de la Commission d’enquête pour corruption liée au fonds PetroCaribe. Pourtant, L’audit de la Cour supérieure des Comptes et du Contentieux administratif relatif aux dépenses de ce fonds, a précisé que les fonds de PetroCaribe ont été décaissés par six gouvernements : Préval-Pierre Louis (2008-2009)—- Préval-Bellerive (2009-2011)—- Martelly-Conille ) septembre 2011-février 2012) —— Martelly -Lamothe (mai 2012-Decembre 2014)—- Martelly-Paul ( janvier 2015-janvier 2016j —-
La Commission d’enquête, ont fait remarqué des interviewés, passe à pieds joints sur la période allant de 1991 à 2012 sans pointer du doigt aucun acte de violence. Faut-il rappeler qu’au cours de cet intervalle de temps, plusieurs groupes de gangs dont (Lame Dòmi nan Bwa, Lame Bâle Wouze Lame Wouj, baz gang Dèlma 2…) ont pris naissance pour protéger des intérêts politiques et économiques. En 2004, ces groupes armés allaient se montrer encore plus cruels pour exiger le retour de l’ancien Président Jean-Bertrand Aristide. Avec leur mouvement armé nommé « Opération Bagdad », ils se donnaient le pouvoir de tuer, de violer et d’orchestrer des cas de kidnapping jour après jour.
Tenant compte de tout ce qui précède, les membres du Conseil de securisé des Nations-Unies ne devraient-ils pas ordonner illico une contre enquête ? Ce, pour la crédibilité de cette illustre organisation mondiale, et surtout pour éviter des assassinats morales injustifiés contre des honnêtes personnalités politiques et économiques haïtiennes.
Le Médiateur