Il y a environ une décennie (2012-2014), on a assisté à un retour spectaculaire du pays sur la carte touristique mondiale. Qui dit tourisme dit sécurité et stabilité politique. C’était sous le Gouvernement de l’ancien Premier ministre Laurent Lamothe. Un ensemble de personnalités compétentes et très respectées de la société faisaient partie de son cabinet ministériel, telles que : Reginald Delva, Stéphanie Balmir Villedrouin, Rose-Anne Auguste, Jean-Renel Sanon…
En ce temps-là, considéré comme l’âge d’or du Régime Tèt Kale, les activités nocturnes fonctionnaient à plein régime, les zones de non-droit n’existait plus, les bandits ont été mis hors d’état de nuire après avoir plongé les compatriotes haïtiens dans la douloureuse et tragique expérience d’enlèvements contre rançons en série et crimes politiques sous couvert de revendication armée pour le retour de l’ancien Président Jean-Bertrand Aristide. En témoigne, l’enlèvement suivi d’assassinat crapuleux de l’ancien poète engagé et journaliste haïtien, Jacques Roche.
En 2014, après la démission de l’ancien Chef du Gouvernement, Laurent Salvador Lamothe, de son poste, la frange radicale de l’ancienne opposition politique, soutenue par un bras armé, a commencé à basculer le pays dans une crise politique à travers des mouvements violents pour s’emparer du pouvoir : Incendie des marchés et d’autres institutions publics, Fantom 509, Peyi Lòk, résurgences des cas de kidnapping, zones de non-droit…
Ainsi, après quasiment sept années de turbulences politiques, a-t-on tragiquement assisté, le 7 juillet 2021, à l’assassinat crapuleux du président d’alors élu sous la bannière du parti politique Tèt Kale (PHTK), Jovenel Moïse. Pour plus d’un, c’était prévisible. Car, des extrémistes de l’opposition politique (Me André Michel, Antonio Cheramy, Marjorie Michel et leurs acolytes avaient juré de réduire le pays en cendre en vue de renverser Mr Moïse du pouvoir. Certains ont même prédit son assassinat à l’instar de son prédécesseur, Tirésias Simon Sam -assassiné au pouvoir le 14 juillet 1919-.
La Commission d’experts mise sur pied par le Conseil de sécurité des Nations-Unies, devant enquêter sur des personnalités haïtiennes qui financeraient des gangs qui sèment le chaos dans le pays et contrôlent 80% de Port-au-Prince, a remis son rapport à l’ONU le jeudi 19 octobre 2023. Dans sa liste non exhaustive, 4 personnalités de élite politique et économique Haïtiens, dont 3 ayant servi le pays sous le règne de PHTK, y ont ouvertement épinglées, et sont passibles de frapper de gels d’avoirs et des interdictions de voyage, au cas où le Conseil de sécurité aurait adoptée le rapport. Il s’agit de : l’ancien président de la République, Michel Joseph Martelly, de l »ancien sénateur et ancien conseiller spécial de Martelly, de l’ancien député et chef du parti politique Bouclier, Prophane Victor et de l’homme d’affaires pressenti comme Premier ministre sous la présidence de Jovenel Moïse, Reynolds Deeb.
Le 13 novembre prochain, la publication de la liste complète des sanctionnés, sera faite par le Conseil de Sécurité de l’ONU. Selon certains medias, cette nouvelle a déjà l’effet une bombe atomique dans le camp de l’élite politique et économique haïtien. Va-t-on sanctionner aveuglément les anciens haut fonctionnaires sous le régime PHTK, comme les quatre premiers noms laissent pressentir ? a-t-on rappelé à la Commission d’enquêtes de l’ONU que dans les deux premières années de l’administration Martelly/Lamothe, deux gangs considérés parmi les plus puissants de la région caribéenne ont été démantelés, et même des bras droits du président Martelly n’y ont été exemptés ?
Marc Ernst Philippe