Alors qu’il dénonçait la nomination de cinquante juges corrompus qu’il a été contraint de faire par le CSPJ en 2018, l’ancien Président Jovenel Moïse faisait depuis lors l’objet de critiques les plus virulentes et acerbes. On dirait que le système judiaire, ses adversaires politiques et même des organisations de Droits humains se sont dressés en un seul homme contre lui jusqu’à son assassinat crapuleux en sa résidence privée le 7 juillet 2021.
L’ancien chef de l’Etat a osé s’attaquer à la corruption, l’épine dorsale de ce système basé sur l’exploitation à outrance de la masse populaire et leur marginalisation. Cette corruption pour laquelle le père de l’indépendance, Jean-Jacques Dessalines, a été assassiné le 17 octobre 1806 par ses propres compatriotes.
Pourtant, moins de deux ans après son assassinat, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ), vient de sortir le résultat d’une enquête menée sur 69 magistrats du système judiciaire haitien. Seulement 31 sont habilités à continuer à exercer leur fonction. 30 sont sortis non certifiées et devraient être révoquées illico, et les dossiers des 8 autres sont à l’étude. Ces juges sont reprochés, entre autres, de corruption, d’absence d’intégrité morale.
Très critiqué pour le caractère illégal de la nomination de ses membres par le gouvernement actuel, le CSPJ vient de prouver les dires du Président défunt qui lui a coûté tant d’acharnement. Toutefois, il semblerait que derrière cette bonne décision se cachent des non-dits. De plus, parait-il, des juges même de cette instance disciplinaire ne seraient pas en odeur de sainteté.
Le Commissaire du Gouvernement de Port-au-Prince, Jacques Lafontant a pointé du doigt le juge du CSPJ Nader Désir d’avoir monnayé par un grand homme d’affaires pour salir sa réputation dans son rapport. La non certification du juge Ramoncite Accimé, selon certains observateurs est vue comme un coup politique pour prendre le contrôle du procès PetroCaribe et condamner injustement des potentiels candidats en prélude aux prochaines élections. D’autres critiques avancent que ce ccoup de balai dans le système judiciaire permettrait à certains entrepreneurs d’asseoir leur domination à tous les niveaux de l’État.
Jean-Samson Étienne