Le Président équatorien, Lenin Moreno, qui a toujours soutenu que la décision de retirer l’asile à Julian Assange n’est pas arbitraire, a affirmé ce dimanche 14 avril que celui-ci a tenté de créer un « centre d’espionnage » dans l’Ambassade d’Equateur à Londres.
Dans une interview donnée au quotidien britannique The Guardian, Lenin Moreno a regretté que le précédent Gouvernement de son pays ait fourni des équipements dans l’Ambassade qui ont permis, selon lui, d’interférer dans les affaires d’autres Etats. « Nous ne pouvons pas permettre à notre maison, la maison qui a ouvert ses portes, de devenir un centre d’espionnage », a-t-il déclaré.
« Cette activité viole les conditions d’asile », a ajouté le Président qui assure que la décision de retirer l’asile au lanceur d’alerte « n’est pas arbitraire, mais repose sur le droit international ».
Le Président équatorien a aussi dénoncé l’attitude « absolument répréhensible et scandaleuse » de Julian Assange dans l’Ambassade et son « comportement inapproprié en matière d’hygiène ». Selon Quito, l’australien de 47 ans aurait notamment souillé les murs avec ses excréments.
L’avocate de Julian Assange, Me Jennifer Robinson interrogée par Sky news dimanche matin, a réfuté ces accusations, les qualifiant de scandaleuses.
Simultanément aux explications apportées par Lenin Moreno, l’ancien Ministre équatorien de la Défense nationale, Ricardo Patino, s’est livré pour sa part à une toute autre version, affirmant que la révocation de l’asile de Julian Assange résultait d’une demande extérieure.
Dans un entretien accordé au site argentin Resumen del Sur, l’ancien Ministre a en effet estimé que face aux difficultés économiques, l’actuel Chef d’Etat équatorien avait sollicité plusieurs créanciers dont le Fonds monétaire international (FMI), une démarche nécessitant, selon lui, l’aval des Etats-Unis. Ricardo Patino affirme alors que certains interlocuteurs de Lenin Moreno auraient accepté de débloquer 10,2 milliards de dollars pour l’Equateur, sous certaines conditions comme la fin de l’asile d’Assange.
Refugié à l’Ambassade d’Equateur de Londres depuis 7 ans afin d’échapper à un mandat d’arrêt britannique pour des accusations de viol et d’agressions sexuelles en Suède, le fondateur de Wikileaks a été arrêté le jeudi 11 avril en lien avec une demande d’extradition venant des Etats-Unis, qui l’accusent d’avoir aidé l’ex-analyste du renseignement américain Chelsea Manning à obtenir un mot de passe pour accéder à des milliers de documents classés secret-défense. Cette demande d’extradition sera examinée par la justice britannique le 2 mai.
Le Médiateur