L’un des acquis de la démocratie dont nous avons épousé au lendemain de 1986 est qu’il est permis à n’importe qui de s’en prendre à un autre, tout en avançant toute sorte de propos comme bon lui semble. La faute ? La faiblesse de nos institutions. Avec l’apogée des réseaux sociaux dans toutes les sphères de notre société, la chose est devenue plus virulente. Moins de 24 heures après sa nomination en tant que Premier Ministre le 22 juillet 2019, le citoyen Fritz William Michel était déjà sous le feu des projecteurs tant sur les réseaux sociaux que sur les médias traditionnels. Des diatribes et des controverses à son égard, ils n’en manquaient point. Ce qui a amené à quelques préoccupations qui tenaillent des esprits.
Ainsi l’on se demande si ce Premier ministre est-il vraiment le détenteur du compte Twitter qui agite tant l’actualité de par ses contenus ? Si c’en est effectivement le cas, comment apporter des démentis contre certaines autres personnalités qui, de nom sont présents sur les réseaux sociaux, et prétendent qu’elles n’y se sont jamais inscrites. Il est vrai que chez nous en Haïti, certains ont la capacité de faire et de défaire des situations désastreuses, de tailler des costumes à la mesure même de leurs adversaires ; c’est un pays de mangeurs d’hommes, aime-t-on dire en conséquence. Alors que le Canada est en train de faire l’expérience de Justin Trudeau, et la Grèce d’Alexis Tispras; c’est encore un mal en Haïti de voir un jeune accéder au plus haut niveau de l’Administration Publique. Par ailleurs, nous sommes en train de perdre un temps si précieux et cette jeunesse dont on en parle toujours à tort ou à raison, fait les frais de l’irresponsabilité de ceux qui l’accablent. La seule porte de salut qui lui est offerte devient dès lors de laisser le pays.
C’est ainsi que sans même laisser la chance à ce Premier Ministre de présenter sa politique générale, on estime qu’il ne possède aucune capacité. En s’inscrivant dans la logique de la critique hâtive et négative, ne fait-on qu’accroître les difficultés auxquelles sont confrontées notre chère nation et nous éloigner de l’aurore d’un jour meilleur? La Constitution prévoit la marche à suivre, laissons la place aux institutions compétentes d’en décider. Le moment est venu que nous fonctionnons selon les principes, comme le dit si bien le vieil adage créole : « Se kondisyon ki bat kὁk ». Alors, jouons selon les règles du jeu.
Il faut que nous commencions à donner de l’espoir aux générations à venir. L’amélioration des conditions de vie dont nous aspirons tous ne se fera pas en un jour, mais plutôt progressivement. Il suffit de la volonté, et de s’assurer que nous sommes sur la bonne voie. S’il y a une chose sur laquelle nous nous mettons tous d’accord, c’est que le pays ne plus rester dans cette situation, alors donnons au moins la chance aux gens de faire leur preuve avant même de les lapider en s’appuyant uniquement sur leur passé probablement vrai et aussi probablement faux.
Fritz Gérard Junior LEGROS